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Publié le 24 - 04 - 2020

    Covid-19, paroles de militants : Nathalie Makarski

    Présidente de la Fédération CFE-CGC des services publics.

    La fonction publique secouée mais solide malgré tout

    SONNETTE D’ALARME TIRÉE À BERCY

    « Lors d’un premier rendez-vous officiel le 16 mars, les fédérations d’agents publics étant réunies à Bercy par Olivier Dussopt, j’ai évoqué une situation grave et appelé à la solidarité et à l’unité. Depuis, nous avons une fois par semaine une conférence téléphonique en plénière avec le secrétaire d’État. Nous avons recensé les sujets qui se posent au niveau de nos 37 syndicats dans les trois versants de la fonction publique (État, territoriale et hospitalière). Sur le plan pratique, nous avons fermé le siège parisien de la Fédération et basculé nos quatre collaborateurs en télétravail. Dans de telles circonstances, il faut se montrer bienveillants envers nos collègues. Ce n’est pas évident de se retrouver confiné en télétravail, et c’est encore moins usuel dans la fonction publique. Il faut prendre de leurs nouvelles, ce que nous faisons via des groupes de discussion partagés avec nos syndicats et nos unités territoriales, en vidéo et en WhatsApp. »

    Un de nos syndicats - Alliance Police Nationale - a fait une grande collecte de masques pour pallier aux carences de l’État qui ne les fournit pas. »

    IMPRÉVOYANCE ET SOLUTIONS LOCALES POUR LES MASQUES


    « Il y a un gros problème de matériel de protection des agents publics : hospitaliers, pompiers, policiers, douaniers, pénitentiaires… Nos unités territoriales (UT) sont actives dans la recherche de ces équipements. Par exemple, il y a quelques jours, une mairie a indiqué qu’elle pouvait octroyer à l’UT Hauts-de-France des masques à visière. La déléguée est allée les chercher et les a apportés à la Police nationale et à la Police municipale. Un de nos syndicats - Alliance Police Nationale - a fait une grande collecte de masques pour pallier aux carences de l’État qui ne les fournit pas. »

    UN « TSUNAMI » ET DES MANAGERS LIVRÉS À EUX-MÊMES


    ​« J’associe le Covid à un tsunami. Vous voyez que cela arrive mais c’est l’inconnu. Vous croisez les doigts. Les fonctions publiques avaient déjà connu des alertes de virus (H1N1) et les services publics avaient commencé à se préparer. Mais qui était prêt à vivre une telle secousse ? On commence à sortir la tête de l’eau après avoir connu toute la panoplie : ordres, contre-ordres, absence d’instructions claires… La latitude est laissée aux chefs de services qui portent la responsabilité de protéger les agents. Mais tous les managers n’ont pas les outils pour cela, ils sont entre le marteau et l’enclume. Les choses commencent à prendre place mais le grand problème, c’est le manque d’anticipation. Ainsi que la pression psychologique et le stress sans précédent que subissent les agents soignants. Nous alertons sur l’état dégradé de la fonction publique hospitalière depuis des années. On voit là le résultat des réformes successives des gouvernements et les conséquences d’une accumulation de renoncement. Cependant, les agents sont là et continuent à assurer leurs missions. »
     

    Plus que jamais, on a besoin de ces CHSCT. Lors d’une période de crise comme celle-ci, quand vous n’avez plus de CHSCT, les discussions et réflexions n’ont absolument plus l’impact nécessaire. "

    LA DÉSASTREUSE SUPPRESSION DES CHSCT

    Calquée sur celle qui est arrivée au privé, la disparition des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) CHSCT est programmée dans les fonctions publiques en 2022. Une seule instance résultera de la fusion des deux entités actuelles. « C’est une des inepties de la Loi de transformation de la fonction publique, fustige Nathalie Makarski. Plus que jamais, on a besoin de ces CHSCT.Lors d’une période de crise comme celle-ci, quand vous n’avez plus de CHSCT, les discussions et réflexions n’ont absolument plus l’impact nécessaire. »