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Publié le 03 - 05 - 2020

    Covid-19, paroles de militants Sébastien Crozier

    Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC Orange.

    Orange : comment l’opérateur national s’est adapté

    PREMIÈRE SEMAINE LABORIEUSE MALGRÉ L’ANTICIPATION
    « Notre syndicat était un peu plus en alerte que le gouvernement. Nous considérions la situation comme préoccupante dès la fin février. Pour autant, quand le confinement est arrivé, une forme de sidération s’est installée. Dans un grand groupe comme Orange, il est assez compliqué de prendre la mesure de ce que signifiait le confinement. Les plans de continuité ne prennent pas en considération ce type d’hypothèse. La première semaine a donc été rude, marquée par quelques tâtonnements. »

    PROUESSES POUR MAINTENIR LA PRÉSENCE SUR LE TERRAIN
    « Dans l’opérationnel, notre activité repose sur le triptyque exploitation, surveillance-supervision, maintenance. Toute la question était d’établir en permanence ce qui, dans la logique d’exploitation, doit impérativement fonctionner, et de prioriser les interventions essentielles. Et si quelque chose ne fonctionne pas, d’être en capacité d’intervenir à distance ou de diligenter des équipes sur le terrain. L’exploitation et la surveillance-supervision n’ont jamais été mises en danger. En revanche, il a fallu être inventif sur la maintenance et le SAV, dans la mesure où plus d’un tiers de nos collaborateurs étaient en situation d’empêchement physique (maladie, garde d’enfants, inquiétude…). »

    RÉGLAGES, GRAINS DE SABLE, ÉQUIPES SOUS-TENSION
    « Sur ces priorités se sont greffés plusieurs paramètres, à commencer par un déficit d’outils de protection sanitaire : il a fallu une bonne semaine pour que tout le monde soit équipé en masques et en gants. Idem concernant le fait de minimiser les échanges des véhicules de service entre collaborateurs, qui est un facteur de contagion. Un élément très perturbant est venu d’un certain nombre de sous-traitants qui ont préféré fermer boutique temporairement plutôt que de continuer leur activité en situation dégradée. Cela a reporté sur nos équipes une charge conséquente de pression. »

    LES QUESTIONS À SE POSER POUR L’AVENIR
    « Cette crise imposera de revoir la notion même de service public. Il y a des services essentiels à la nation qui ne sont peut-être pas stricto sensu des services publics. Je pense à la logistique de la chaîne alimentaire par exemple. Ou au fait qu’Orange, issue du service public mais qui est une entreprise privée désormais, joue un rôle plus essentiel que d’autres opérateurs, notamment car elle possède une grande partie des infrastructures. Il conviendra aussi de reposer la question des hiérarchies de salaires : sans les petites mains de l'ombre qui raccordent les hôpitaux, dépannent les grands-mères ou livrent des colis, où en serait le pays ? Alors que tous les pays se sont recroquevillés sur eux-mêmes, il est apparu que le seul garant protecteur de la santé et de la sécurité de ses citoyens, c’est la nation. Plus que jamais, il faudra être attentif à la société que nous voulons demain. »

    VERS UNE PERTE SUBSTANTIELLE DE POUVOIR D’ACHAT
    Boutiques fermées, accessoires et terminaux qui ne se vendent plus, diminution des souscriptions (à la fibre ou à Orange Bank par exemple), tarissement des recettes du roaming du fait que les clients (professionnels notamment) ne vont plus à l’étranger, impayés qui risquent d’arriver sur les professionnels et PME… Le noir tableau commercial d’Orange va avoir des conséquences directes sur les salariés. Entre la Négociation annuelle obligatoire (NAO) qui pourrait être plus difficile qu'escomptée, les parts variables, la participation et l’intéressement perdus partiellement ou encore « l’effet de bord » sur les cotisations aux mutuelles et les activités sociales et culturelles, Sébastien Crozier craint que la perte soit « de 6 à 8 % de pouvoir d’achat au cours des 12 à 18 mois qui viennent ». « Et encore, nous sommes dans une entreprise relativement protégée… »