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Publié le 16 - 03 - 2021

    Conférence sociale : sortie de crise et mesures économiques

    Le Premier ministre a réuni lundi 15 mars les partenaires sociaux pour évoquer les mesures de soutien à l’économie et la gestion de la crise sanitaire. Le président confédéral, François Hommeril, a livré ses analyses.

    À l’occasion de la troisième conférence du dialogue social organisée par le gouvernement Castex, le Premier ministre a reçu, lundi 15 mars en visio-conférence, les leaders des organisations syndicales représentatives et leurs homologues patronales, en présence de la ministre du Travail, Élisabeth Borne, et de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Au menu notamment des échanges : les mesures de soutien aux entreprises face à la crise, les primes aux salariés, l’agenda social et la définition d’une méthode pour préparer la levée progressive des restrictions sanitaires dans un contexte toujours plus qu’incertain.

    « En préambule, le Premier ministre a rappelé que le dialogue et la concertation sont plus que jamais nécessaires, en saluant la responsabilité affichée par les organisations syndicales et patronales, indique François Hommeril, président de la CFE-CGC. Il a également fait allusion à l’agenda autonome récemment fixé entre partenaires sociaux pour travailler de manière paritaire, indépendamment des actions gouvernementales, sur de grands sujets comme celui de la formation professionnelle. » De la même façon, la ministre du Travail a réitéré sa confiance envers les partenaires sociaux, impliqués dans différents groupes de travaux paritaires (GTP) sur les réponses à apporter face à la crise.

    DEUX SUJETS CLÉS : LE PARTAGE DE LA VALEUR ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE

    Les concertations vont donc se poursuivre avec les partenaires sociaux puisque des discussions s’ouvriront prochainement sur le financement du chômage, sur la formation professionnelle et sur le partage de la valeur. « Le partage dans toute la chaîne de valeur est un sujet fondamental, a insisté François Hommeril. Les salariés ont trop régulièrement pâti d’une mauvaise répartition, entre toutes les parties prenantes de l’entreprise, de la valeur créée. La CFE-CGC fera valoir ses propositions. » Idem concernant la formation professionnelle : « C’est la clé du développement économique. Il faut miser sur les dispositifs de transitions professionnelles - dont le nouveau dispositif de transition collective construit par les partenaires sociaux - et donner aux entreprises les moyens d’investir dans la formation de leurs salariés. Il convient aussi de réévaluer la mauvaise réforme gouvernementale de 2018 dont l’efficacité est plus que contestable. »

    SOUTIEN AU DISPOSITIF D’ACTIVITÉ PARTIELLE DE LONGUE DURÉE

    Sur les mesures de soutien aux entreprises et alors que 320 000 emplois ont été détruits sous l’effet de la crise, la CFE-CGC a rappelé son soutien à l’activité partielle de longue durée (APLD), « un dispositif efficace et soumis à une négociation avec les acteurs de terrain », souligne François Hommeril. « Globalement, l’activité partielle est un dispositif qui a permis de sauver environ 700 000 emplois en un an, pour un coût de 27 milliards d’euros. C’est bien plus efficient que les gaspillages répétés du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), un dispositif scandaleux et inefficace. »

    Toujours s’agissant des mesures d’aides aux entreprises (fonds de solidarité, exonération de cotisations, prêts garantis par l’État…), « la CFE-CGC a mis en avant l’indispensable conditionnalité des aides, c’est-à-dire contraindre, par des dispositifs suffisamment sophistiqués, la traçabilité de l’argent public injecté dans les entreprises pour les soutenir face à la crise, et ainsi nous prémunir des effets d’aubaine », résume François Hommeril. Pour la CFE-CGC, la relance et la sortie de crise doivent aussi passer par des efforts massifs en faveur de la recherche : « Le crédit d’impôt recherche (CIR) n’est pas une réponse suffisante. Sanofi en est un criant exemple, l’entreprise ayant consommé des sommes énormes via le CIR tout en divisant par deux ses efforts de recherche ces dernières années. »

    « UNE GROSSE INQUIÉTUDE VIS-A-VIS DES JEUNES, TRÈS IMPACTÉS PAR LA CRISE »

    Alors que le gouvernement a confirmé que les aides aux entreprises pour l'embauche en CDI ou CDD de jeunes de moins de 26 ans sera recentrée, à compter du 1er avril, sur les jeunes dont la rémunération est inférieure à 1,6 Smic, la CFE-CGC se montre sceptique. « Pour nous, ces mesures n’engendrent que des effets d’aubaine dans la mesure où les entreprises n’embauchent que si elles en ont besoin, indépendamment de l’existence d’une prime, explique François Hommeril. En revanche, la CFE-CGC soutient l’alternance, un dispositif qualitatif qui permet une meilleure insertion sur le marché de l’emploi. Plus largement, nous avons exprimé une grosse inquiétude vis-à-vis des jeunes, pour lesquels nous devons collectivement mener une réflexion très approfondie tant la génération des 20-25 ans est impactée par la crise, à tous les niveaux. »

    Parmi les autres annonces gouvernementales à retenir, les entreprises pourront, comme en 2019 et 2020, verser en 2021 une prime défiscalisée et exonérée de cotisations sociales d'un montant maximum de 1 000 euros à tous les salariés dont les travailleurs dits de la deuxième ligne.

    L’HÔPITAL SOUS PRESSION

    Enfin et en écho à la crise sanitaire mettant à rude épreuve l’hôpital et les personnels soignants, la CFE-CGC a renouvelé ses critiques envers le récent Ségur de la santé. « Au-delà des revalorisations salariales disparates, nous déplorons qu’aucune décision structurante n’ait été prise sur la dégradation de notre système hospitalier, en particulier la progression constante des fermetures de lits, observe François Hommeril. Il est par ailleurs choquant que le gouvernement choisisse un cabinet américain de conseil - McKinsey en l’occurrence - pour le conseiller sur la stratégie vaccinale et d’autres sujets. Nous avons répété au Premier ministre que le mal de l’hôpital, c’est surtout ce que les agences régionales de santé (ARS) font peser sur les hôpitaux avec des objectifs purement financiers de réductions des coûts. »

    Mathieu Bahuet