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Publié le 17 - 03 - 2020

    Coronavirus : de la crise sanitaire à la crise économique

    La crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de Covid-19 s’accompagne de graves conséquences économiques et laisse planer le doute d’une crise financière majeure à laquelle doivent répondre les États et les banques centrales.

     

    Le monde est aujourd’hui suspendu à la propagation du virus Covid-19 dit nouveau coronavirus. Venant de Chine, ce virus s’est rapidement propagé aux quatre coins du monde touchant l’ensemble des pays. Avec plusieurs milliers de morts, il s’est rapidement installé comme une menace sérieuse pour la santé des individus. Force est de constater que la crise n’est pas seulement sanitaire, mais également économique. Avec les cours des bourses qui s’effondrent (-20 % depuis ce début d’année pour les principales bourses européennes), la prise de parole de plusieurs gouvernements qui ont alerté sur l’impact économique et la baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (FED) et de la Bank of England (BoE), les choses semblent se précipiter. Alors pourquoi une telle panique et comment un virus peut-il déstabiliser l’ensemble de l’économie mondiale ?

    POIDS DE LA CHINE DANS LE COMMERCE INTERNATIONAL, CHAÎNE DE VALEUR ET INTERDÉPENDANCE DES ÉCONOMIES

    En réaction au coronavirus, la Chine a agi principalement par le biais de deux leviers : elle a stoppé sa production et limité de manière drastique ses expéditions de stock. Ces deux mesures, si elles peuvent paraitre justifiées sur le plan sanitaire, ont des impacts importants en termes économiques. Deuxième puissance économique au monde, premier pays exportateur de marchandises, la Chine représente à elle seule plus de 11 % du commerce mondial. Dans ce contexte, le coronavirus a un impact direct sur la demande : les modifications des comportements vont faire chuter la consommation de biens ainsi que les consommations intermédiaires des entreprises, impactant négativement la croissance. Le ralentissement de la demande chinoise va également entraîner une baisse des importations chinoises et donc des exportations des autres pays. Les pays qui ont une balance commerciale structurellement excédentaires vis-à-vis de la Chine, tels que le Japon, la Corée du Sud ou l’Allemagne, vont ainsi en pâtir.

    Par ailleurs, la Chine est devenue en 30 ans le véritable atelier du monde, dans la mesure où un grand nombre d’entreprises ont délocalisé leur production ou une partie de leurs procédés de fabrication dans ce pays où la main d’œuvre est très compétitive. Selon une étude du Centre d’études prospectives et d'informations internationales (CEPII), en 2019, près de 30 % de la production mondiale est réalisée en Chine et elle est le premier fournisseur de 65 pays à travers le monde. Elle est ainsi la véritable chaîne d’approvisionnement de l’économie mondiale. En conséquence, les interruptions de productions liées aux coronavirus dans les usines chinoises peuvent laisser craindre des ruptures d’approvisionnement sur un certain nombre de composants. Ce choc d’offre peut déstabiliser de nombreux producteurs qui n’arrivent pas à substituer un autre fournisseur au producteur chinois, et bloquer ainsi l’ensemble de la production.

    Les mesures mises en place par les autorités chinoises pour limiter la contagion et essayer d’endiguer l’épidémie ont donc eu pour conséquences de déstabiliser la demande et l’offre et, compte tenu du poids de l’économie chinoise dans l’économie mondiale, cela a également un impact important sur les autres économies.

    Le monde est aujourd’hui suspendu à la propagation du virus Covid-19 dit nouveau coronavirus. Venant de Chine, ce virus s’est rapidement propagé aux quatre coins du monde touchant l’ensemble des pays. Avec plusieurs milliers de morts, il s’est rapidement installé comme une menace sérieuse pour la santé des individus. Force est de constater que la crise n’est pas seulement sanitaire, mais également économique. Avec les cours des bourses qui s’effondrent (-20 % depuis ce début d’année pour les principales bourses européennes), la prise de parole de plusieurs gouvernements qui ont alerté sur l’impact économique et la baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (FED) et de la Bank of England (BoE), les choses semblent se précipiter. Alors pourquoi une telle panique et comment un virus peut-il déstabiliser l’ensemble de l’économie mondiale ?

    POIDS DE LA CHINE DANS LE COMMERCE INTERNATIONAL, CHAÎNE DE VALEUR ET INTERDÉPENDANCE DES ÉCONOMIES

    En réaction au coronavirus, la Chine a agi principalement par le biais de deux leviers : elle a stoppé sa production et limité de manière drastique ses expéditions de stock. Ces deux mesures, si elles peuvent paraitre justifiées sur le plan sanitaire, ont des impacts importants en termes économiques. Deuxième puissance économique au monde, premier pays exportateur de marchandises, la Chine représente à elle seule plus de 11 % du commerce mondial. Dans ce contexte, le coronavirus a un impact direct sur la demande : les modifications des comportements vont faire chuter la consommation de biens ainsi que les consommations intermédiaires des entreprises, impactant négativement la croissance. Le ralentissement de la demande chinoise va également entraîner une baisse des importations chinoises et donc des exportations des autres pays. Les pays qui ont une balance commerciale structurellement excédentaires vis-à-vis de la Chine, tels que le Japon, la Corée du Sud ou l’Allemagne, vont ainsi en pâtir.

    Par ailleurs, la Chine est devenue en 30 ans le véritable atelier du monde, dans la mesure où un grand nombre d’entreprises ont délocalisé leur production ou une partie de leurs procédés de fabrication dans ce pays où la main d’œuvre est très compétitive. Selon une étude du Centre d’études prospectives et d'informations internationales (CEPII), en 2019, près de 30 % de la production mondiale est réalisée en Chine et elle est le premier fournisseur de 65 pays à travers le monde. Elle est ainsi la véritable chaîne d’approvisionnement de l’économie mondiale. En conséquence, les interruptions de productions liées aux coronavirus dans les usines chinoises peuvent laisser craindre des ruptures d’approvisionnement sur un certain nombre de composants. Ce choc d’offre peut déstabiliser de nombreux producteurs qui n’arrivent pas à substituer un autre fournisseur au producteur chinois, et bloquer ainsi l’ensemble de la production.

    Les mesures mises en place par les autorités chinoises pour limiter la contagion et essayer d’endiguer l’épidémie ont donc eu pour conséquences de déstabiliser la demande et l’offre et, compte tenu du poids de l’économie chinoise dans l’économie mondiale, cela a également un impact important sur les autres économies.

    LE RISQUE D’UNE CRISE FINANCIÈRE ?

    La propagation du coronavirus sur le sol européen décuple les difficultés. Pour la France, ce choc touche principalement les secteurs exposés à la Chine à savoir l’industrie, le tourisme et le luxe, mais également les services où la demande est freinée par les mesures sanitaires mises en place pour contenir l’épidémie : transports, hébergement-restauration, évènementiel et intérim...

    L'incertitude ralentit l’activité, ce qui se traduira par un ralentissement de la croissance. À cet égard l’OCDE (1) a modifié ses prévisions économiques à la baisse et a prévenu que si l’épidémie se poursuivait, l’Europe tomberait en récession. Ces difficultés économiques, à l’échelle européenne comme à l’échelle mondiale, font craindre principalement un risque sur l’endettement privé. De nombreuses entreprises sont en effet fortement endettées et le ralentissement de l’activité économique induit par le coronavirus peut engendrer de graves difficultés de trésorerie entraînant une crise de confiance, et provoquer une surréaction en chaîne. En effet, le risque de liquidité (2) (qui peut aussi engendrer une crise de solvabilité) pour certaines entreprises peut avoir un effet de contagion à toute la chaîne de valeur y compris les banques dans leur activité de financement, entraînant de facto une crise boursière et une crise bancaire (3).

    Cette perte de confiance s’est manifestée la semaine du 9 mars par des ventes massives de titres et donc par un effondrement général de la valeur des titres sur plusieurs places boursières. Fort heureusement, la crise de confiance ne s’est pas étendue, pour le moment, au système bancaire et au marché interbancaire. C’est tout l’enjeu actuel : éviter un effondrement général de la confiance qui aurait pour conséquence une contraction brutale du crédit (credit crunch) amplifiant ainsi la crise de surendettement et provoquant une véritable crise financière.

    LES RÉPONSES DES ÉTATS ET DES BANQUES CENTRALES…

    Dans ce contexte d’instabilité et où les difficultés économiques risquent de se propager à la sphère financière, les États et les banques centrales ont l’impérieuses nécessité d’intervenir via notamment des mesures budgétaires et monétaires. Les États doivent, par une politique de la demande, soutenir l’activité et limiter, dans la mesure du possible, les problèmes de trésorerie des entreprises. C’est ainsi que le ministre de l'Économie, Bruno le Maire, a annoncé notamment des allégements de cotisations et des dégrèvements d’impôts, un élargissement de la garantie BPI pour les prêts de trésorerie et un recours facilité au chômage partiel.

    Par ailleurs, pour éviter l’effondrement du crédit et donc de l’investissement, les banques centrales ont également décidé d’intervenir en mettant en place des conditions financières accommodantes. On constate ainsi que la baisse des taux se multiplient : l’Australie a réduit les siens à un plus bas historique, la FED a récemment abaissé ses principaux taux d’un demi-point et va augmenter fortement les montants qu’elle injecte dans le marché monétaire. Quant à la Banque centrale européenne (BCE), sa présidente Christine Lagarde a annoncé la mise en place de nouveaux financements pour les banques a des taux très bas et une hausse de l’enveloppe consacrée à son programme d’achat d’actifs.

    … LIMITÉES PAR LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE DE 2008

    Aujourd’hui, les effets de la crise financière de 2008 n’ont toujours pas été soldés. Une grande majorité des États sont toujours fortement endettés et ne dispose plus de la même marge de manœuvre que par le passé. Or pour avoir un certain impact, les politiques budgétaires doivent avoir une certaine ampleur. En l’état actuel des finances publiques, et dans le cas d’une accélération de la propagation du coronavirus et de la mise en place de mesures sanitaires plus restrictives, ce levier d’action apparaît fortement limité.

    De manière identique, les banques centrales ne peuvent pas tout régler. Depuis l’éclatement de la crise financière de 2008, elles ont maintenu une politique monétaire extrêmement accommodante (qualitative et quantitative easing) et ont presque atteint les limites de leurs instruments : le taux de la facilité de dépôt, le taux de refinancement et celui de la facilité de prêt marginal sont à des niveaux historiquement faibles. Alors certes, cette politique expansionniste a permis de soutenir la croissance mais elle a également conduit à l’élévation anormale du niveau des actifs financiers complètement décorrélée des fondamentaux économiques, favorisant ainsi l’émergence d’une nouvelle bulle spéculative.

    Face au risque d’une nouvelle crise financière, les réponses apportées par les États et les banques centrales ne pourront donc pas être les mêmes qu’en 2008. Une plus grande interaction entre les politiques monétaires, budgétaires et prudentielles sera nécessaire. Il s’agira ainsi de revenir notamment sur le degré d’indépendance des banques centrales afin de mettre en place de nouveaux instruments. Pour l’Europe, cette question se posera avec d’autant plus d’acuité dans la mesure où elle nécessitera une plus grande intégration politique des États membres de la zone euro via notamment un budget commun (fédéralisme budgétaire) et des politiques sociales communes (emploi, revenus, protection sociale etc.).

    Louis Delbos

    (1) L'OCDE a sérieusement assombri ses prévisions de croissance pour 2020 avec un PIB mondial à 2,4 % contre 2,9 % en novembre dernier.
    (2)  On parle de risque de liquidité lorsque les agents économiques (en particulier les entreprises), par insuffisance de leurs avoirs liquides, ne peuvent plus faire face à leurs engagements.
    (3) Une crise financière résulte de la combinaison d’une crise boursière et d’une crise bancaire. La plupart du temps, il y a également une crise de change.