
La CFE-CGC organise le 21 octobre un colloque dédié à la présentation de l’étude IRES (Institut de recherches économiques et sociales) intitulée « Dispersion salariales et performances des organisations ». Quelle en est la genèse ?
Ces deux dernières décennies, l’intérêt pour les conséquences de la dispersion des salaires a été renforcé par le constat – partagé par de nombreux observateurs – d’un accroissement des inégalités de salaire dans les entreprises des pays développés. L’attention portée aux inégalités salariales s’inscrit dans un contexte marqué par de vifs débats sur les niveaux appropriés de dispersion des salaires et par les scandales récents sur l’octroi de primes et de bonus exceptionnels à certains PDG. Le débat public a atteint son apogée avec la crise financière en 2007 avec des niveaux de bonus record dans le secteur financier alors que, dans le monde entier, des réductions de salaire et des niveaux de chômage élevés avaient plongé des millions de personnes dans la pauvreté.
Pour les uns, une plus grande dispersion des salaires est indispensable pour maintenir un certain niveau d’effort et contribuer à une plus grande productivité des organisations. Pour d’autres, la forte dispersion des salaires peut créer un sentiment d’injustice qui va nuire à la coopération entre salariés et saper la motivation des individus dans les organisations. L’étude IRES/CFE-CGC pilotée par Patrice Laroche se propose de trancher le débat académique où s'opposent ces deux thèses contradictoires. Elle identifie les facteurs de ces écarts de salaire qui déterminent si les disparités sont un levier de performance ou une source de dysfonctionnement. Il est important d’organiser un tel colloque afin de présenter ces travaux à nos militants en présence de notre président confédéral François Hommeril.
Quels sont les enjeux de dialogue social en lien avec l’accroissement des inégalités de salaire dans les entreprises et à leurs conséquences sur les individus au travail ?
L’étude IRES/CFE-CGC indique que les disparités salariales peuvent être un levier de performance si et seulement si elles sont perçues comme justes et équitables. Le sentiment d'injustice (iniquité) est le principal moteur des comportements contre-productifs. Les organisations doivent de fait naviguer avec prudence entre transparence, équité et incitation. La justification claire des politiques de rémunération et la limitation des écarts excessifs, notamment en plafonnant les rémunérations, sont recommandées pour maintenir la productivité et l'équité perçue.
Le rôle du dialogue social est bien identifié pour veiller à ce que les processus de décision salariale soient transparents et équitables. Comme le met en relief l’étude, les syndicats permettent une plus grande participation des salariés dans les discussions sur les salaires, ce qui peut renforcer la perception de justice et réduire les ressentiments liés aux disparités salariales. Les syndicats peuvent par ailleurs négocier des opportunités de formation et de développement professionnel, ce qui peut aider les salariés à améliorer leurs compétences et à progresser dans leur carrière, atténuant les effets négatifs des disparités salariales. Enfin, l’étude souligne combien la présence syndicale en entreprise peut fournir aux salariés un sentiment de sécurité et de soutien, même en présence de disparités salariales. Je cite l’étude car nous sommes complètement en phase avec ces positions.