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Publié le 23 - 03 - 2021

    GFG Alliance : menaces sur les sites industriels français

    L'aciérie Ascoval, le site d'aluminium à Dunkerque, les Fonderies du Poitou… L’inquiétude syndicale grandit sur les sites hexagonaux du groupe métallurgique britannique, en grande difficulté financière.

    Déjà fragilisés ces dernières années par une gestion très chaotique, les neuf sites industriels français propriété du groupe métallurgique britannique GFG Alliance suscitent l’inquiétude des organisations syndicales depuis la récente faillite de la société financière Greensill, principal financeur de GFG Alliance (35 000 salariés dans le monde), propriété du milliardaire indien Sanjeev Gupta.

    Sans Greensill, le groupe, qui a pris l’habitude de vivre à crédit, se trouve privé d'une source majeure de financement, d’où les menaces sur l’ensemble des sites au Royaume-Uni et à l’international dont la France, où GFG emploie 2 500 salariés répartis sur neufs sites industriels parmi lesquels certains emblématiques : l'aciérie Ascoval à Saint-Saulve (Nord), l'usine de rails d'Hayange (Moselle), le site d'aluminium à Dunkerque (Nord), les jantes d’aluminium à Châteauroux (Indre) ou encore les Fonderies du Poitou (Vienne).  

    « Les équipes CFE-CGC ont toujours été très inquiètes et ces annonces montrent que nos craintes quant à la robustesse et à la stratégie de GFG étaient fondées, déplore Xavier Le Coq, délégué national CFE-CGC à l’industrie. Le groupe a toujours été d’une extrême opacité, ne publiant pas ses comptes et procédant à de nombreux rachats à bas coûts de sociétés en redressement judiciaire sans que l’on comprenne comment ces rachats étaient financés, avec notamment un système qui pourrait faire penser à celui de la  pyramide de Ponzi ! Derrière, GFG a l’habitude de faire des promesses d’investissement qu’il ne tient pas. Quand il a repris Aluminium Dunkerque, il avait promis de construire un laminoir, un investissement de plus de 200 millions d’euros. Il y a rapidement renoncé. Idem à Hayange, où le groupe n’a pas encore mis un euro pour moderniser le site. Mais dans ce cas, la prise de contrôle est récente (mi-2020). »

    Nous sommes très inquiets face à l'urgence et les possibles conséquences sociales » (Xavier Le Coq, délégué national CFE-CGC à l'industrie)

    À force, les syndicats des différents sites français, la CFE-CGC en tête, sont particulièrement échaudés. Ce d’autant que c’est la société Greensill qui devait donner accès à des prêts garantis par l’État (PGE), désormais bloqués ou stoppés. « GFG, régulièrement mauvais payeur envers ses fournisseurs, dont ArcelorMittal, recherche 4,5 milliards d’euros pour se refinancer, explique Xavier Le Coq. S’il ne les trouve pas, ses entreprises françaises, même si les problématiques spécifiques diffèrent d’un site à l’autre, pourraient se retrouver en cessation de paiement. Il faut en effet trouver de la trésorerie, rassurer les fournisseurs, etc. Nous sommes très inquiets quant aux possibles conséquences sociales. »

    Cette inquiétude est remontée jusqu’au sommet de l’État : Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a récemment assuré que l'État sera « derrière les salariés » des sites français concernés. Reste à définir les modalités d’actions. Face à l’urgence, Bercy devrait prochainement recevoir une délégation intersyndicale dont la CFE-CGC.

    Mathieu Bahuet