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Publié le 08 - 12 - 2025

    La conférence travail, emploi et retraites est lancée

    Avec les partenaires sociaux dont la délégation CFE-CGC, et le ministre du Travail, une première réunion plénière organisée le 5 décembre au CESE a cadré les prochains travaux de la conférence emploi, travail et retraites. 

    Initiée par le Premier ministre Sébastien Lecornu, la conférence travail, emploi et retraites a démarré le vendredi 5 décembre sous la forme d’une réunion plénière (replay vidéo ici) dans l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (CESE), la troisième assemblée constitutionnelle de la République. Les débats ont été introduits par Thierry Beaudet, président du CESE, qui a indiqué que l'objectif de cette conférence « est de permettre aux différents acteurs de poser un diagnostic partagé sur les grands enjeux du monde du travail pour le secteur privé et le secteur public ».

    UNE JOURNÉE D’ÉCHANGES ET DE CADRAGE

    En plein débat budgétaire à l’Assemblée nationale, cette journée d’échanges et de cadrage a notamment réuni les cinq organisations syndicales représentatives (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) ainsi que l’UNSA et la FSU, et deux des trois organisations patronales représentatives (CPME, U2P), le MEDEF ayant refusé de participer aux travaux. Pour objectiver les enjeux, trois tables rondes (mutations du monde du travail, prévention et conditions de travail ; parcours professionnels, emploi des jeunes et des seniors, compétences pour réindustrialiser le pays ; situation du système des retraites) ont rythmé la journée avec les analyses de chercheurs et d’experts, précédés d’interventions des représentants syndicaux et patronaux.

    Au Palais d’Iéna, la délégation CFE-CGC était composée de neuf élus (photo ci-dessus) avec, de gauche à droite, Hugues Thibault (délégué fédéral à la fédération CFE-CGC des services publics), Anne-Michèle Chartier (déléguée nationale), Jean-François Foucard (secrétaire national aux parcours professionnels), Maxime Legrand (secrétaire national en charge du secteur organisation du travail et santé au travail), François Hommeril (président confédéral), Farida Karad (trésorière nationale), Marie-Christine Caraty (nouvelle présidente de la fédération CFE-CGC des services publics), Christelle Thieffinne (secrétaire nationale à la protection sociale) et Bertrand Mahé (délégué national).

    LE TÉMOIGNAGE DE FRANÇOIS HOMMERIL

    Intervenant en amont de la deuxième table ronde sur les enjeux d’emplois, de compétences et de préservation de l’industrie, François Hommeril a évoqué deux cas concrets illustrant le poids de l’action syndicale. D’abord la fondation AMIPI (6 usines de production de faisceaux électriques pour l’industrie automobile) agissant depuis des années en faveur de l’insertion des personnes en situation de handicap mais aujourd’hui menacée de liquidation avec près de 600 emplois menacés. « Le dossier est dorénavant en bonne place sur le bureau du Premier ministre et il s’agit de faire preuve de bon sens humain et de bon sens économique. » 

    Le président de la CFE-CGC a ensuite narré - « un de mes plus beaux souvenirs de syndicaliste » - le sauvetage, en 2021, de l’usine Jacob Delafon à Damparis (Jura), devenue La Jurassienne de céramique française. Un site industriel d’excellence préservé grâce à une forte mobilisation des acteurs syndicaux, économiques et des pouvoirs publics. Après avoir subi la crise de l’énergie en 2022 ayant fait planer un plan social, l’entreprise, propriété du groupe familial Kramer, a retrouvé un bon niveau d’activité, incarnant une forme exemplaire de made in France, de préservation des emplois et des compétences, et démontrant que la réindustrialisation est possible. « La morale de cette histoire, c’est que l’économie n’est pas une science exacte. L’économie, la performance et la croissance sont une affaire de volonté sincère, d’engagement et de rencontres entre tous les acteurs pour soutenir des projets, des hommes et des femmes qui créent de la valeur. »

    UN ESPACE DE DISCUSSION POUR ÉLABORER DES SOLUTIONS

    Côté gouvernemental, Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et des Solidarités, et David Amiel, ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’État, sont intervenus pour remercier les parties prenantes de la conférence dont les discussions, « sans obligation de résultats », doivent « jeter les bases d’un débat apaisé et permettre d’éclairer le débat public sur des enjeux essentiels ». Les ateliers à venir ne constituent donc pas des séances de négociation mais un espace de discussion destiné à élaborer des solutions. Les productions pourront alimenter l'agenda social du pays, ont insisté les divers intervenants.

    Sur la méthode, suivront deux autres réunions plénières et six ateliers jusqu'à l'été 2026. Les travaux sont placés sous l’autorité de trois garants : Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du Travail ; Anne-Marie Couderc, ancienne ministre de l’Emploi et dirigeante d'entreprise ; et Pierre Ferracci, président du groupe Alpha (cabinet de conseil dans les relations sociales).

    6 ATELIERS (SECTEUR PRIVÉ ET SECTEUR PUBLIC)

    Si le calendrier et les intitulés précis restent à déterminer, les trois ateliers thématiques (trois pour le secteur privé et trois pour le secteur public) seront coordonnés par douze animateurs « choisis pour leurs compétences, leurs qualités et leur légitimité », souligne Jean-Denis Combrexelle.

    À partir du 30 janvier, les ateliers réuniront les partenaires sociaux avec l’appui des services de l’administration. « Dans ces espaces de discussion pour comprendre les impacts des transitions démographique, numérique et écologique, seront notamment abordés le rapport au travail, les conditions de travail, les compétences, la réindustrialisation, les filières d’avenir, la compétitivité et la productivité, les parcours professionnels, les mobilités et les évolutions du système de retraite », détaille Jean-Denis Combrexelle.

    Mathieu Bahuet