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Publié le 16 - 12 - 2020

    La fusion Société Générale-Crédit du Nord en 5 questions

    Le groupe bancaire Société Générale veut fusionner ses réseaux de détail Société Générale et Crédit du Nord, un projet qui va passer par la fermeture de 600 agences. Décryptage avec Frédéric Guyonnet, président du SNB CFE-CGC.

    1. QUEL EST LE LIEN ENTRE LES DEUX BANQUES ?

    L’une est déjà la filiale de l’autre. La Société Générale, banque créée sous le Second Empire, a racheté le Crédit du Nord en 1997. Le Crédit du Nord est lui-même issu de la fusion de plusieurs dizaines de petites banques. Il se compose actuellement de huit banques régionales : les Banques Courtois (Toulouse), Kolb (Nancy), Laydernier (Annecy), Nuger (Clermont-Ferrand), Rhône Alpes (Lyon), Tarneaud (Limoges), Société de Banque Monaco et Société Marseillaise de Crédit.

    2. QUELLE EST LA JUSTIFICATION AVANCÉE ?

    Si l’annonce récente a pris tout le monde de court, la direction de la Société Générale avait déjà indiqué, en septembre dernier, qu’elle travaillait sur l’hypothèse de la fusion de ses deux réseaux. Elle justifie le rapprochement par un souci de rationalisation. Le nombre d’agences total des deux entités passerait de 2 100 actuellement à 1 500 à l'horizon 2025 - soit environ 600 fermetures - et l’ensemble représenterait en cumulé près de 10 millions de clients. Frédéric Guyonnet, président du SNB CFE-CGC, souligne que « la Société Générale, qui est en forte perte depuis le début de l’année, a l’habitude de réagir aux coups durs par des réductions d’effectifs et des rationalisations de son réseau d’agences ».

    3. VA-T-IL Y AVOIR DE LA CASSE SOCIALE ?

    Le directeur général adjoint de la Société Générale, Sébastien Proto, indique que le rythme actuel de départs naturels, qui est d’environ 1 500 par an au total dans les deux enseignes, va permettre d’éviter des départs contraints. Il reste que « de tels départs naturels ne vont pas forcément correspondre à la territorialité des besoins », critique Frédéric Guyonnet. Ce dernier craint qu’il y ait « beaucoup de doublons sur les sites centraux, puisque chaque banque régionale du Crédit du Nord a encore ses propres service monétique, juridique, communication ou ressources humaines. La Société Générale dit qu’ils vont les maintenir dans un premier temps. Mais après ? Le but de l'opération est de faire des économies d'échelle, il ne faut pas l'oublier. »

    4. LE NOM DES BANQUES RÉGIONALES VA-T-IL RESTER ?

    Dans un premier temps, certainement, puisqu’il importe de conserver ces marques auxquelles les clients traditionnels sont très attachés. Cela dit, à chaque fois qu’une petite banque est absorbée par un réseau national, le logo du repreneur est d’abord accolé à celui de la banque d’origine, puis il grossit progressivement au fur et à mesure qu’il pénètre dans l’esprit des clients et, enfin, il le remplace. « Cela se fait dans la douceur et dans la durée, commente Frédéric Guyonnet. Comme cela, ils peuvent dire qu’ils ne vont pas éteindre les marques même si, au bout du compte, cela risque de se produire. »

    5. QUELLE SERA LA POSITION DU SNB CFE-CGC ?

    Pour essayer de concilier les points de vue des élus CFE-CGC dans les deux établissements, le président du SNB participe aux réunions de chaque côté avec le souci de jouer un rôle de facilitateur. « Le SNB sera vigilant sur cette fusion-absorption à l’intérieur du secteur bancaire pour qu’un minimum de salariés restent sur le carreau et pour que chacun trouve sa place dans le nouvel ensemble », prévient Frédéric Guyonnet.

    Gilles Lockhart