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Publié le 23 - 06 - 2025

    LGBT+ en entreprise : l'inclusion a-t-elle atteint ses limites ?

    Après des années de progrès, l'inclusion des personnes LGBT+ stagne en entreprise. Moins d'un salarié sur deux ose son coming-out au travail, selon une étude qui alerte sur un « retour en arrière ».

    L'inclusion des personnes LGBT+ en entreprise aurait-elle atteint un « plafond de verre » ? C’est en tout cas ce qu’affirme un baromètre Out@Work réalisé par le Boston Consulting Group en partenariat avec Têtu. Selon l’étude, menée auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française (dont 75 % de LGBT+), seuls 48 % des salariés se déclarant LGBT+ ont fait leur coming-out auprès de tous leurs collègues de travail, contre 54 % en 2018.

    Ainsi, la proportion des sondés ayant « caché ou volontairement omis » de révéler leur orientation sexuelle ou identité de genre est passée de 34 % à 45 % vis-à-vis d'autres employés et de 26 % à 35 % envers les clients de leur entreprise. Les chiffres restent stables face aux employeurs et manageurs (de 28 % à 29 %), preuve d’une plus grande confiance envers la hiérarchie.

    Au total, « les LGBT+ sont plus souvent out au travail en 2025 qu'en 2017, mais auprès de moins de personnes », note l’étude, qui observe toutefois un léger progrès dans l’évocation du genre du partenaire (58 % des LGBT+ le révèle en 2025 contre 53 % en 2020 et 51 % en 2017). Ces chiffres masquent aussi des disparités importantes selon les identités : les personnes non-binaires, transgenres ou bisexuelles ont moins tendance à révéler leur orientation, par rapport aux hommes, aux femmes, aux cisgenre et aux homosexuels.

    Un contexte sociétal de plus en plus hostile

    Ce recul s’inscrit dans une baisse du soutien social envers les personnes LGBT+, note le Boston Consulting Group, qui s’inquiète des signes avant-coureurs d’une « potentielle dégradation à venir ». En effet, par rapport à de nombreuses études datant de 2021, le baromètre remarque que :

    • 61 % des Français estiment que les personnes LGBT+ devraient avoir les mêmes droits que les autres (-11 points) ;
       
    • 63 % soutiennent le mariage pour tous (-5 points) ;
       
    • 55 % considèrent que chacun devrait pouvoir s'identifier selon son genre (-13 points) ;
       
    • 55 % considèrent que les LGBT+ devraient pouvoir adopter des enfants (-13 points).

    Le coming-out, entre repli identitaire et gains professionnels

    Face à une opinion plus hostile, les LGBT+ sont plus nombreux à intérioriser leur identité. En 2025, 72 % des salariés non-out considèrent leur orientation comme un sujet privé. Ils n’étaient que 62 % en 2021. Bonne nouvelle toutefois, bien que le fait d'être « out » au travail reste perçu comme un désavantage pour 31 % des salariés LGBT+ (contre 36 % en 2021), 25 % y voient un avantage, un chiffre en forte hausse par rapport à 2021 (8 %).

    De plus, par rapport aux LGBT+ n’ayant pas du tout ou partiellement révélé leur identité, ceux qui l’ont fait auprès de tous leurs collègues rapportent des scores plus élevés sur de nombreux indicateurs : 86 % se donnent pleinement au travail (vs 80 % et 78 %), 78 % se sentent plus légitimes pour s'exprimer (vs 58 % et 73 %), 69 % se sentent en confiance (vs 53 % et 60 %), et 65 % développent des liens personnels forts avec leurs collègues (vs 40 % et 63 %).

    Les RH en première ligne, les directions plus discrètes

    Face à une opinion publique plus hostile, et une population LGBT+ plus discrète malgré la satisfaction de celles et ceux ayant choisi de révéler leur identité, comment agissent les entreprises ?

    Malgré une accélération des initiatives RH liées au recrutement (sélection anonyme des candidatures, communication auprès de viviers de talents spécifiques, couverture santé adaptée, etc.) le baromètre pointe un ralentissement des actions menées par les directions en matière de gouvernance, de visibilité interne et de communication externe.

    Ainsi, 56 % des sondés déclarent travailler dans une entreprise soutenant activement le développement de carrière des personnes LGBT+, contre 35 % en 2021. De même, 49 % affirment que leur entreprise mène des politiques favorisant le recrutement de personnes LGBT+ (vs 20 % en 2021). En revanche, seuls 7 % disent évoluer dans un environnement où des rôles modèles LGBT+ sont visibles, contre 22 % en 2021. De plus, seuls 11 % sont dans une entreprise dotée d’un comité dédié à la diversité, contre 20 % quatre ans plus tôt.

    François Tassain