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Publié le 21 - 10 - 2021

    Michelin : la CFE-CGC enquête sur le recrutement en usine

    Comment améliorer l’attractivité des usines et garantir un recrutement pérenne ? Une enquête-terrain de la CFE-CGC Michelin prend le sujet à bras-le-corps.

    La CFE-CGC Michelin s’est interrogée sur la qualité du recrutement des agents de fabrication sur les sites industriels du groupe en France. D’août à octobre 2021, elle a conduit une étude coordonnée par Christophe Bitsch, délégué syndical du site de Golbey dans les Vosges et responsable du pôle Industrie à la CFE-CGC Michelin. L’étude a été faite avec l’appui de tous les délégués syndicaux maison et relayée auprès des managers de production (les responsables d’ilots qui gèrent en moyenne 30 à 40 personnes en atelier et en usine).

    « Ce travail est né du constat d’une évolution récente du recrutement dans les sites industriels du pneumaticien », présente Laure Trincal, responsable du Pôle Communication de la CFE-CGC Michelin. Dans la pratique, les agents de fabrication sont peu recrutés en CDI, mais généralement en CDD. L’étude montre que sur ce type de recrutements Michelin fait de plus en plus confiance aux agences d’intérim alors qu'auparavant le service du personnel prenait la main sur le processus. « Michelin fonctionne comme cela et nous ne sommes pas là pour dénoncer la façon dont notre entreprise recrute. Mais nous avons voulu observer de près les conséquences de cette évolution », commente Christophe Bitsch

    QUAND LA SOUS-TRAITANCE ET L’INTÉRIM POSENT QUESTIONS

    L’étude constate que cette sous-traitance par l’intérim facilite la gestion administrative et réduit le temps passé sur le sourcing. Mais qu’elle impacte aussi la qualité des recrutements effectués. À la question : « Êtes-vous globalement satisfait du recrutement pour les postes agents sur votre site ? », 60 % des managers répondent par la négative.

    Deux autres constats apparaissent. Le premier est que l’intérim, même s’il permet d’accélérer les délais de recrutement, dégrade le turnover sur les postes d’agents de fabrication. Et ce, malgré l’effort important de formation consenti par Michelin (un à deux mois pour être opérationnel sur un poste, beaucoup plus pour être autonome). Une volonté de formation dont la mise en œuvre est questionnée sur le terrain. Les managers jugent les horaires imposés aux apprenants parfois trop rigides et ne facilitant pas leur « adaptabilité au futur poste en forfait horaire ». Ils s’interrogent aussi sur le rôle des tuteurs, poste pour lequel, constate la CFE-CGC Michelin, « il n’existe pas un processus clair et défini sur l’identification des compétences et pas ou peu de reconnaissance pour l’investissement des tuteurs ». Des managers citent des cas extrêmes de jeunes embauchés ou même de salariés en intérim devant assumer cette fonction de tuteur.

    Le second constat est celui de l’augmentation depuis deux ans de la population issue de la restauration et du BTP dans le vivier des postulants au poste d’agent de production. « C’est probablement lié au contexte pandémique, les personnes souhaitant se réorienter pour trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée », souligne l’étude. Mais tous ces nouveaux arrivants ne s’adaptent pas facilement aux contraintes de l’industrie, et en particulier aux 3x8.

    Avec le départ d’un grand nombre de seniors, les transferts de compétences ne sont pas toujours faciles. »

    « Force est de constater que depuis le départ d’un grand nombre de seniors, les transferts de compétences ne sont pas toujours faciles, analyse Christophe Bitsch. Si l’on ajoute que beaucoup de salariés de Michelin mis en activité partielle durant la crise sanitaire ont pris goût à d’autres rythmes de vie, on se retrouve avec une volatilité importante, des titulaires qui passent leur temps à former des gens et des managers insatisfaits. Or, le recrutement pérenne est un enjeu d’avenir essentiel. »

    En synthèse, la CFE-CGC Michelin rappelle qu’elle veut être force de propositions pour aider l’entreprise à améliorer l’attractivité de ses sites industriels. Elle suggère que l’entreprise planche sur ce sujet et émette directement la communication externe sur les postes disponibles afin de susciter l’intérêt des candidats.

    Gilles Lockhart