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Publié le 29 - 09 - 2020

    OPA de Veolia : la CFE-CGC Suez en première ligne

    La mobilisation intersyndicale et les journées de protestation pour défendre les salariés de Suez se poursuivent. Explications avec Eric Guillemette, le délégué syndical central CFE-CGC de Suez. 

    Union sacrée. C’est l’impression que donne la mobilisation des salariés et des syndicats de Suez pour contrer l’OPA hostile lancée par Veolia, fin août. Selon Eric Guillemette, le délégué syndical central CFE-CGC de Suez et coordinateur national au siège du Groupe, ce sont « 70 % des salariés qui ont répondu présents lors des journées de mobilisation organisées par l’intersyndicale au mois de septembre ».

    Cette intersyndicale (CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT, FO) s’est constituée dès le surlendemain du dépôt de l’offre d’achat lancée par Veolia. Elle dit agir « dans le seul et unique intérêt des salariés du Groupe Suez » et fonctionne à ce jour comme un seul homme : communication centralisée et validée par l’ensemble des organisations syndicales avant diffusion, organisation conjointe de rencontres avec les élus, rédaction commune des adresses au gouvernement, etc.

    Pour comprendre ce qui se trame au niveau capitalistique, Veolia (ex-Vivendi Environnement et précédemment Compagnie générale des Eaux) est une multinationale spécialisée dans les services collectifs (eau, énergie, traitement des déchets). Elle est en concurrence avec Suez et Engie, deux entités résultant de la fusion, en 2008, du groupe historique franco-belge Suez (créé en 1858) avec Gaz de France. Suite à ce rapprochement, le nouvel ensemble a été coupé en deux, Suez devenant l’entité spécialisée dans l’eau et la propreté, Engie celle opérant dans l’électricité et le gaz.

    Le 30 août dernier, Antoine Frérot, le PDG de Veolia, a déposé une offre d'achat portant sur les 29,9 % du capital de Suez possédés par Engie. Si cette offre est acceptée, Veolia lancerait alors une OPA sur l'ensemble du capital de Suez, valorisant ce dernier à hauteur de 9,7 milliards d’euros.

    RISQUE DE « CASSE SOCIALE » ET NOUVELLE MOBILISATION CE MARDI À LA DÉFENSE

    Le PDG de Veolia s’est engagé par écrit à « garantir l’emploi et tous les avantages sociaux » des salariés de Suez. L’intersyndicale de Suez n’y croit pas et rétorque que ce projet « mènerait au démantèlement organisé de deux fleurons français de l’industrie et du service que sont Suez et Engie » et que « 75 % des activités de Suez en France (qui emploient 29 000 salariés) seraient immédiatement revendues à des acteurs français et étrangers. » A l’appui de son analyse, elle fait remarquer que les effectifs de Veolia, sous la conduite de son patron actuel, sont passés de 300 000 salariés à 180 000…

    Les positions apparaissent donc fort éloignées. Pour Eric Guillemette, si Veolia met la main sur Suez, « il y aura forcément de la casse sociale, avec notamment de nombreux métiers en doublon aux sièges et dans les fonctions supports. 6 000 personnes perdraient leur emploi en France sans parler des activités eau et déchets revendues ensuite à d’autres sociétés… » Déçu par le refus initial d’Antoine Frérot de rencontrer l’intersyndicale de Suez, il compte beaucoup sur le mouvement de protestation organisé ce 29 septembre, pour lequel des préavis de grève ont été déposés nationalement. L’Intersyndicale a notamment appelé l’ensemble des salariés de toute la France à se rassembler à 11 heures devant la Tour Engie à la Défense (92). 

    Gilles Lockhart