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Publié le 19 - 09 - 2025

    Parentalité et travail : un difficile équilibre pour les cadres

    Plus d’un tiers (37 %) des cadres parents d’enfants mineurs déclarent rencontrer des difficultés à concilier vie personnelle et professionnelle, soit 10 points de plus que les cadres non-parents ou parents d’enfants majeurs, selon une étude Apec.

    Renoncement aux loisirs, report ou annulation de rendez-vous médicaux, perte d’opportunités professionnelles (évolution, promotion)… 37 % des cadres parents (c’est-à-dire, avec un ou plusieurs enfants mineurs au foyer) confient avoir de plus en plus de mal à concilier vie personnelle et professionnelle, révèle une étude publiée le 3 septembre par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec)*. Soit 10 points de plus que leurs collègues sans enfants.

    Ces difficultés de conciliation parentalité-travail touchent indistinctement pères et mères mais s'accentuent significativement avec la présence d’enfants en bas âge : elles concernent en effet 45 % de ceux ayant des enfants de moins de 6 ans, contre 41 % de leurs homologues ayant des enfants de 6 à 10 ans. Un taux qui baisse à 36 % pour les parents d’enfants de 11 à 14 ans, et 29 % pour ceux d’enfants de 15 à 17.

    Pour faciliter leur parentalité, les cadres placent la flexibilité organisationnelle au cœur de leurs attentes vis-à-vis des employeurs. Mais paradoxalement, même lorsqu’une entreprise fait preuve de souplesse et répond aux besoins de ces parents, la flexibilité obtenue génère quand même une charge mentale supplémentaire qui déborde largement du cadre professionnel.

    Les mères plus impactées mentalement

    L'inégale répartition des responsabilités familiales pèse particulièrement lourdement sur les mères cadres, qui assument davantage la gestion des imprévus du quotidien parental : une sur deux prend en charge les enfants malades, quand seulement un père sur cinq assume cette responsabilité. Ce déséquilibre a des répercussions directes sur leur bien-être psychologique, puisque 62 % d'entre elles (et 64 % des mères célibataires) déclarent souffrir d'épuisement professionnel, contre 53 % des pères.

    Des carrières bridées

    En raison de leur parentalité, beaucoup de cadres manquent des événements informels (pots, afterworks) et déclinent des projets ou des opportunités de formation : 44 % indiquent y renoncer fréquemment ou occasionnellement, un chiffre qui grimpe à 53 % parmi les parents d’enfants de moins de 6 ans, contre seulement 35 % pour les autres cadres. Enfin, 30 % des cadres parents estiment avoir manqué des opportunités concrètes d’évolution ou de promotion professionnelles, soit 7 points de plus que les autres cadres. Un écart qui en dit long sur les freins systémiques à leur progression de carrière.

    Au-delà de ralentir leur progression de carrière, la parentalité influence directement la mobilité de certains cadres. Ainsi, 31 % d’entre eux (contre 23 % de non-parents) ont déjà renoncé à changer d’entreprise par crainte de déstabiliser leur organisation familiale et 13 % ont décliné des promotions internes. Pour autant, bien que l’équilibre vie privée-professionnelle s'impose désormais comme un facteur déterminant dans les décisions de carrière, il ne constitue pas encore le premier critère de choix d'un nouveau poste, ce dernier restant le niveau de rémunération.

    Souplesse organisationnelle, conciliation et compréhension

    Quelles actions les entreprises doivent-elles mener pour favoriser la parentalité en entreprise ? L’enquête de l’APEC révèle une hiérarchie claire des priorités : les cadres (qu’ils soient parents d’enfants mineurs ou non) plébiscitent la souplesse dans l’organisation du travail (49 %), des autorisations spéciales d’absence liées à la parentalité (34 %) et l'instauration de règles comme le droit à la déconnexion et l’absence de réunions après 18 heures (33 %).

    Cette flexibilité semble cependant déjà largement acquise : 84 % des cadres disent bénéficier déjà d’une organisation flexible de leur temps de travail et 70 % modulent régulièrement leurs horaires, pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les cadres parents sont aussi 73 % à ajuster leur journée de travail pour des raisons personnelles, contre 64 % des non-parents. Mais ils paient cette liberté au prix fort : 61 % travaillent le soir, contre 55 % de leurs collègues sans enfants, pour rattraper les interruptions familiales de la journée.

    Les cadres parents sont conscients de leur avantage par rapport aux parents non-cadres, pour qui la modulation du temps de travail est moins, voire pas du tout praticable. À ce titre, la grande majorité affirme pouvoir compter sur la compréhension de leur entourage professionnel à l’égard de leurs responsabilités familiales, que ce soient leurs collègues (87 %) ou leur manageur (83 %).

    Le télétravail, outil de conciliation pour les parents

    Enjeu managérial de ces dernières années, et actuellement remis en question par certaines entreprises -qui souhaitent le réduire à un jour par semaine-, le télétravail s'est imposé comme l'outil indispensable des cadres parents. Il leur offre la souplesse nécessaire pour travailler efficacement tout en surveillant leurs enfants, ou en ayant la possibilité de les déposer ou chercher à l’école/la garderie. Pour cette raison, les cadres parents sont 67 % à télétravailler régulièrement (contre 64 % pour les autres cadres) et légèrement plus nombreux à opter pour des jours fixes de télétravail (55 % vs 46 %). Une remise en cause trop brutale de ce dernier pourrait bien se traduire par une fuite des talents vers des employeurs plus soucieux de cette réalité parentale.

    *Source : « La parentalité chez les cadres, une conciliation sous tension, surtout pour les mères » comprenant des données recueillies en ligne en avril 2025 auprès de 2005 cadres en emploi dont 1097 avec enfant(s) mineur(s) au foyer et 908 cadres sans enfant mineur au foyer.

    François Tassain