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Publié le 23 - 03 - 2022

    Présidentielle 2022 : réponse de Nathalie Arthaud

    Bonjour,

    Merci pour votre lettre. Je suis persuadée qu'il n'existe pas « d'intérêt général de notre pays » alors que la société est profondément divisée en classes opposées. Les possédants ont intérêt à utiliser ce genre d'expressions (tout comme celle « d'intérêt général de l'entreprise » dans le cadre du travail). Elles visent à masquer l'opposition d'intérêt et leurs attaques contre l'ensemble des travailleurs. Les politiciens des principaux partis (ou les PDG) parlent d'intérêt général, mais ne servent que celui des plus riches, de leurs véritables donneurs d'ordre.

    Comment concilier l'économie de marché avec l'intérêt des travailleurs ? C'est simple, ce n'est pas possible. La liberté des plus riches d'utiliser leur argent comme bon leur semble, pour investir dans ce qui leur rapporte le plus, pour nous employer ou nous licencier à leur guise, à leurs conditions est inconciliable avec notre besoin d'avoir un emploi, payé convenablement, dans des conditions correctes. Leur soif de profit les conduit toujours  à renforcer l'exploitation, à aggraver la précarité, les horaires et les conditions de travail. Ouvriers, employés, techniciens ou cadres, notre intérêt est de nous y opposer et d'oser défendre nos intérêts, des revendications conformes à nos besoins, sans nous soucier du profit des entreprises, sans respecter les intérêts des plus riches. C'est ce que je défends principalement dans cette campagne.

    Relever l'âge de la retraite, comme augmenter la durée de cotisation nécessaire sont des mesures tout à fait injustes et inacceptables, qui ne contribuent qu'à dégrader la vie de l'ensemble des travailleurs. En réalité elles aboutissent d'ailleurs essentiellement à faire de beaucoup de travailleurs des retraités plus pauvres, ne touchant qu'une fraction de plus en plus diminuée de leur ancien salaire. De plus ces mesures n'empêchent ensuite aucunement les possédants et les gouvernements à leur service de revenir ensuite à la charge pour nous demander de nouveaux sacrifices.

    Année après année nous pouvons constater l'aggravation des inégalités à laquelle aboutissent ces mesures.

    Quant au « dialogue social », il ne peut être fructueux pour les travailleurs que s'ils sont en mesure d'imposer un rapport de force à leurs employeurs pour contrebalancer celui que ceux-ci imposent en permanence grâce à leurs capitaux, et au chômage et au besoin d'argent des travailleurs. La force des travailleurs est leur place dans la production, leur rassemblement dans la lutte, toutes catégories confondues, la grève, les manifestations, comme les générations précédentes l'ont montré. Si 4è révolution industrielle il y a, elle ne change pas en soi la société, les travailleurs n'y sauvegarderont leurs intérêts qu'en se regroupant et en luttant jusqu'au bout pour eux contre les intérêts capitalistes.

    L'avenir que nous préparent ceux qui ont une chance d'accéder à la présidence de la République est visiblement fait de dégradations des conditions de statut, d'emploi et de rémunération. Il faudra pour l'ensemble des travailleurs (cadres comme non-cadres) et leurs organisations se préparer à lutter contre ces attaques.

    L'autre avenir que nous pouvons, nous, envisager, mais qu'il faudra imposer, est une société qui permettra à tous d'avoir un emploi digne, convenablement payé, au service de la collectivité et sans plus faire de différence de statut entre les travailleurs.

    Cordialement,

    Nathalie Arthaud