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Publié le 17 - 12 - 2025

    Quel avenir pour le service public ? La CFE-CGC poursuit le débat

    La CFE-CGC continue son cycle de conférences sur le service public avec un colloque programmé le 3 février 2026. Présentation avec André Thomas, secrétaire national au développement et à la représentativité du secteur public.

    Après celui du 28 octobre, la CFE-CGC organisera le 3 février un deuxième colloque pour évoquer l’avenir du secteur public. Quels sont les enjeux ?

    Le budget 2026 illustre un mouvement inquiétant et une tendance de fond avec l'affaiblissement d'opérateurs publics tels que l'institut national de la consommation et son magazine 60 millions de consommateurs, Centre Inffo, l'Agence Bio, les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), les missions locales, etc. Comme si quelques millions d’euros économisés allaient par miracle redresser le pays…

    Dans le même temps, l’État débourse des centaines de millions d’euros pour importer du plasma sans renforcer les moyens alloués à l’Établissement français du sang. L’EFS doit collecter 1,4 million de litres de plasma pour fabriquer des médicaments à haute valeur ajoutée mais, faute de moyens et de lieux de collecte, on en importe !

    Dès lors, dans quel sens vont l’action et la pensée publique ? Et au bénéfice de qui ? Il en est de même pour Doctolib. L’entreprise est-elle un service public déguisé, via le financement de Bpifrance mais sans le contrôle, alors qu’elle occupe une place régulatrice et un quasi-monopole pour lequel elle a été condamnée par l’Autorité de la concurrence ?

    Ces exemples montrent une imperfection de la pensée publique qui, tant qu’elle sera arbitrée à partir de choix comptables, ne pourra pas « respirer ». Pour vivre, le service public doit voir loin, anticiper ce dont la nation aura besoin en 2030 et en 2025 pour en assurer la viabilité sociale, économique et territoriale. C’est cette solution que la CFE-CGC choisit : ouvrir le débat, élever la pensée, réaffirmer la notion d’intérêt général.

    Trois tables rondes rythmeront les débats que vous animerez. Comment les plateaux ont-ils été constitués ?

    Nous nous appuierons sur des personnalités publiques de premier plan. Nadège Vezinat, sociologue du travail et spécialiste des transformations au sein de La Poste, évoquera les réformes inabouties et comment repenser le cadre des mutations d’établissement et de l’action publique. Maîtresse de conférences en science politique, Julie Gervais a quant à elle mené des travaux sur la responsabilité des grands corps de l’État et sur les mécanismes institutionnels qui freinent ou accélèrent l’action publique.

    Ensuite, les universitaires Thomas Perroud et Régis Lanneau apporteront une dimension internationale aux débats pour montrer comment le service public innove dans d’autres pays et combien nous avons beaucoup à apprendre ! Enfin, Adrien Lehman, enseignant à l'École d'affaires publiques de Sciences Po, présentera différents scénarios relatifs au service public : déclin, résilience ou renouveau stratégique.

    Pour la CFE-CGC, il faut un État stratège capable de penser le temps long en articulant intelligemment public et privé »

    Où en sont les travaux menés par la CFE-CGC pour consolider sa doctrine sur le service public ?

    Nous avons désormais une ossature solide. Le service public est l’expression concrète de l’intérêt général portée par un État qui, au fil du temps, a superposé différentes figures : État-providence, État interventionniste, État stratège, État actionnaire. Mais une chose demeure : l’État n’est pas un commerce. On ne s’y sert pas comme dans une enseigne. C’est une institution qui engage réciproquement les citoyens, les usagers, les salariés et les entreprises autour de droits et de devoirs.

    Un basculement historique s’opère. Les crises (climatique, industrielle, sanitaire, numérique) ne seront plus l’exception mais la norme. Or nos services publics n’ont pas été conçus pour affronter une telle intensité de risques. D’où trois questions centrales : faut-il créer de nouveaux services publics (environnement, risque assurantiel, numérique) ? Faut-il, faute d’investissements inaboutis, en renforcer d’autres comme le service public de la petite enfance ? Faut-il reconnaitre et encadrer « des services publics de fait » comme Doctolib ?

    Pour la CFE-CGC, il faut un État stratège capable de penser le temps long en articulant intelligemment public et privé. En reliant mieux les actifs, les dettes et les missions publiques. Mais surtout en redonnant du sens, de la reconnaissance et de la fierté aux agents et aux salariés qui portent le service public. Une fois encore, l’exemple du plasma est éloquent : quand la souveraineté devient une variable d’ajustement budgétaire, c’est un échec politique et un échec sur un enjeu vital.

    Renouer avec la noblesse de l’action publique, c’est donc l’ambition de la doctrine CFE-CGC en faveur d’un service public protecteur, anticipateur, orienté vers l’usager et garant de la cohésion nationale.

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet

    INSCRIPTIONS COLLOQUE CFE-CGC

    Les inscriptions au colloque « Quel avenir pour le service public au XXIᵉ siècle ? » sont ouvertes.
    Pour participer en présentiel ou en distanciel, retrouvez toutes les informations sur la page dédiée.