Retour aux actualités précédentes
Publié le 07 - 07 - 2021

    Sommet social : la CFE-CGC a fait passer ses messages à l’Élysée

    Comme à chaque fois, la CFE-CGC s’est rendue à l’invitation du président de la République pour défendre ses points de vue. Tout en sachant que l’écoute des partenaires sociaux n’est pas le point fort des gouvernants actuels.

    « Une ambiance de bienséance par rapport au lieu et à l’invitation faite par le président de la République aux partenaires sociaux » : c’est en ces mots que François Hommeril, président de la CFE-CGC, qualifie l’atmosphère de la « réunion d’écoute » qui s’est tenue à l’Élysée, le mardi 6 juillet. Côté gouvernemental, étaient présents autour d’Emmanuel Macron le Premier ministre Jean Castex, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, la ministre du Travail Élisabeth Borne ainsi que les principaux conseillers sociaux et directeurs de cabinet. Du côté des partenaires sociaux, étaient conviés les leaders des cinq organisations syndicales représentatives de salariés et les trois organisations patronales représentatives.

    Le déroulement de la séance est assez hiératique. Le président de la République prononce une allocution liminaire qui est complétée par un mot du Premier ministre, après quoi les invités s’expriment lors d’un tour de table, le tout suivi par une conclusion du président. Il n’y a pas d’interaction ni de débat. Chacun déroule ce qu’il a préparé.

    PAS D’ANNONCE SUR LES RETRAITES

    Pour la petite histoire, c’est un texto envoyé la veille aux leaders syndicaux et patronaux qui précisait l’ordre du jour avec, au menu, l’examen de la situation économique et les mesures de relance à prendre dans un contexte de suppression progressive du dispositif de chômage partiel. Emmanuel Macron a fait un long topo sur la vaccination et sur les menaces représentées par le variant Delta de l’épidémie de coronavirus. Dans la partie économique de son propos, il a mentionné la réforme des retraites en disant en substance qu’il fallait la faire, qu’il ne serait « pas responsable » de ne pas la faire, mais qu’il ne fallait pas la conduire comme prévu avant la crise sanitaire. Pas d’autre annonce ni de calendrier pour cette réforme.

    Concernant les positions défendues par François Hommeril pour la CFE-CGC, elles peuvent être résumées par les thèmes ci-dessous.

    VACCINATION OBLIGATOIRE

    Le président de la CFE-CGC a rappelé que, depuis le début de la crise, son organisation s’était abstenue de critiquer l’action gouvernementale en matière sanitaire et qu’elle n’entendait pas changer de ligne. Quand le pays s’est engagé dans une campagne de vaccination massive, la CFE-CGC a apporté toute sa connaissance terrain des entreprises afin de favoriser les opérations.

    CHÔMAGE PARTIEL

    La CFE-CGC a soutenu « la décision politique forte » de miser massivement sur le chômage partiel. Elle estime qu’il faudra, le moment venu, procéder à « un audit des sommes engagées » dont, a rappelé François Hommeril, « un tiers provient de l’Unedic et donc des cotisations sur les salaires ». Le président confédéral a redit son étonnement quant au fait que des multinationales ayant touché de l’argent du chômage partiel versent néanmoins des dividendes à leurs actionnaires…

    PLANS DE SAUVEGARDE DE L’EMPLOI

    François Hommeril a réitéré les inquiétudes de la CFE-CGC sur les PSE en cours et sur le fait que les leçons de la crise et les engagements politiques de travailler sur les relocalisations ne soient pas suivis d’effet : « Il y a toujours des entreprises qui ferment alors que nous considérons qu’elles ne devraient pas, qui ne développent pas les stratégies adaptées, qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. »

    CONDITIONNALITÉ DES AIDES

    Point suivant de l’intervention de François Hommeril : la nécessité de renforcer les dispositifs de conditionnalité des aides, « de façon à avoir les meilleures garanties que les mesures de soutien atteignent les entreprises qui en ont vraiment besoin, et que l’argent public soit bien employé ».

    TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

    Le président de la République ayant évoqué ce point, François Hommeril a acté qu’il était « majeur pour la relance économique ». Mais il a ajouté, un an après la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, que la CFE-CGC ne trouvait « pas beaucoup de logique entre cet engagement de transition énergétique et la fermeture des centrales nucléaires ».

    RECHERCHE

    François Hommeril a rappelé « la nécessité absolue d’investir dans la recherche », alors que la France est « le mauvais élève de l’Europe » et que le niveau d’investissement dans la recherche publique n’est pas suffisamment élevé. « Il en résulte une fuite des cerveaux extrêmement importante, qui entraîne une diminution de la créativité et de la capacité à créer de l’innovation et du redéveloppement industriel. »

    LES PRIORITÉS DE GESTION DES ENTREPRISES

    François Hommeril estime nécessaire de « questionner les modes de gestion et de gouvernance des entreprises pour traiter les raisons de fond qui entraînent des délocalisations ». Une façon de dire que, dans les sociétés, « trop d’énergies internes sont focalisées sur la maximisation du profit pour les actionnaires ».

    RÉFORME DE L’ASSURANCE-CHÔMAGE

    François Hommeril a réitéré l’opposition de la CFE-CGC à la réforme gouvernementale de l’assurance-chômage en soulignant que l’application de la dégressivité des allocations, « seule mesure qui est entrée en vigueur au 1er juillet puisque le salaire journalier de référence a été repoussé par le Conseil d’État, et que le bonus–malus ne portera effet sur les entreprises que dans deux ans », va pénaliser immédiatement les cadres au chômage. « Ils vont voir leurs allocations baisser alors que tout le monde sait qu’il s’agit d’une mesure inefficace, injuste et injustifiée en matière d’emploi. »

    RÉFORME DES RETRAITES

    François Hommeril a conclu son propos en martelant que rien ne justifiait la réforme des retraites dans son optique actuelle, « surtout en s’appuyant sur des arguments non conformes à la réalité des faits », et alors même que « la nécessaire adaptation de nos régimes de retraite permet d’assurer la pérennité du système par répartition ».

    Gilles Lockhart