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Publié le 29 - 10 - 2020

    « Chez Airbus, objectif zéro licenciement »

    Fabrice Nicoud, délégué syndical central, revient sur le récent accord social signé par la CFE-CGC. Grâce à l’APLD et aux mesures d’accompagnement, il permet de sauver 1 500 emplois.

    Pourquoi la mise en oeuvre de l’Activité partielle de longue durée (APLD) chez Airbus Avions, la principale branche du Groupe Airbus ?

    La direction d’Airbus considère que les « petits » avions de moins de 200 places comme les A320, ceux qui font Paris-Toulouse par exemple, devraient retrouver un carnet de commandes presque normal en 2023. Nous ne sommes pas loin de penser, à la CFE-CGC, que c’est une hypothèse réaliste. C’est vraisemblablement sur ce créneau que les compagnies aériennes vont voir remonter le trafic avant de pouvoir relancer les grosses capacités. À partir de cette hypothèse stratégique, il s’avère donc nécessaire de préserver nos compétences principales sur les activités de production, ce que permet l’APLD pendant deux ans.

    Quelle est votre représentativité au sein d’Airbus et comment avez-vous pesé sur les négociations ?

    La CFE-CGC représente environ 30 % d’audience à Airbus Avions, la branche qui assure 80 % du chiffre d’affaires du Groupe Airbus, et nous sommes en progression constante élection après élection. Nous sommes de très loin l’organisation syndicale qui a le plus participé à l’élaboration et au débat constructif sur les deux accords signés. Cela représente un gros travail d’amélioration du dispositif initial présenté par la direction. Les premières propositions étaient peut-être meilleures que dans certaines autres entreprises, mais moins bonnes que celles que l’on obtient d’habitude chez Airbus. Au final, nous sommes arrivés à un niveau de protection des salariés qui est quasiment le même que lors des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) précédents.

    « Des inquiétudes sur la gestion des réductions de postes dans les autres filiales du Groupe »

    Dans quels domaines par exemple ?

    Sur les mesures d’âge et en particulier sur le dispositif de pré-retraite qui peut être déclenché jusqu’à trois ans avant l’âge de départ normal. Et aussi sur tout ce qui concerne l’accompagnement et la formation en cas de départ pour création d’entreprise. Nous avons également obtenu, même si c’est un peu plus anecdotique, que les efforts de nos dirigeants nous soient communiqués en cette période difficile pour tous. C’est-à-dire être informés, par exemple, si tel dirigeant renonce à son bonus sous telle condition. C’est un acquis de transparence.

    Avez-vous obtenu des garanties de mise en application des deux accords ?

    Toutes les mesures de départs volontaires doivent être initiées avant fin décembre 2020 mais peuvent être prolongées jusqu’au 31 mars 2021 s’il n’y pas assez de volontaires pour partir. On fera le bilan des départs contraints potentiels et on verra dans ce cas s’il y a des mesures à prendre de type Accord de performance collective (APC). Nous n’en sommes pas là et nous restons sur un objectif de zéro licenciement pour Airbus Avions. Cela n’enlève rien à notre inquiétude concernant la gestion des réductions de postes dans les autres filiales du Groupe comme AIS, Navblue ou Steco qui, malheureusement, ne bénéficient pas pour l’instant du même niveau de mesures de départs volontaires. Elles ont à leur disposition moins de solutions sociales que le « grand » Airbus. Nous avons donc demandé fermement à la direction que ces filiales bénéficient de mesures équivalentes.

    Propos recueillis par Gilles Lockhart