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Publié le 26 - 05 - 2020

    Chez Naval Group, 2 mois intenses dans un contexte de haute sécurité

    Par Olivier Ménard, président du syndicat national CFE-CGC de Naval Group.

    Confrontés à une crise sanitaire et économique hors norme, les fédérations et les militants CFE-CGC s’activent au quotidien dans les branches professionnelles et les entreprises pour faire vivre un dialogue social plus indispensable que jamais.

    LA VIE MILITAIRE CONTINUE
    « Comme j’ai pu le constater en tant que délégué national de la Fédération de la Métallurgie, nous avons tous vécu la même chose lors du confinement : une "claque" énorme au moment de l’annonce, suivie d’une mise en œuvre dans l’urgence. Cela a été d’autant plus compliqué que nous sommes une entreprise dite stratégique pour la Défense nationale. Les armées ont continué à déployer des navires et des avions, la situation au Mali persiste malheureusement et il y a encore eu des soldats tués lors d’accidents d’entraînement ces dernières semaines. La vie militaire continue : les entreprises qui soutiennent les armées devaient donc également poursuivre. »

    OPÉRATIONS EN MODE CRASH PROGRAM
    « Dans un premier temps, tout ce qui pouvait être arrêté l’a été. Si ce n’était pas possible pour des raisons technologiques ou de sécurité, l’activité était maintenue en mode "crash program". Quand on soude la coque d’un sous-marin en construction, c’est un travail ininterrompu jusqu’à la fin. Ce sont des technologies sensibles, il faut préchauffer la coque, la maintenir à température. Ce sont des jours et des jours H24 de machinerie et d’hommes qui travaillent. Un tel processus lancé ne peut pas être interrompu. »

    PAS DE TRÊVE POUR LES HACKERS
    « Nous avons basculé le maximum de salariés en télétravail avec tous les problèmes que cela a pu poser. D’environ 250 personnes qui travaillent beaucoup à distance en vertu d’un accord sur le télétravail signé en juillet 2019, nous sommes passés à 6 000. Nos collègues du service informatique ont accompli un job de folie. Et nous n’avons rouvert que très progressivement un certain nombre d’outils, seulement quand la direction de la cybersécurité considérait qu’ils étaient sécurisés. Les vraies données sensibles ne sont évidemment pas traitées sur des ordinateurs et des réseaux normaux et encore moins emportées à la maison. Cela dit, toutes les entreprises de Défense ont constaté que les attaques informatiques n’avaient pas cessé. Le confinement n’a pas calmé les hackers, bien au contraire. »

    SANTÉ DES SALARIÉS : FAIRE PROGRESSER LES RÉFÉRENTIELS
    « Les directeurs de site ont essayé de faire au mieux pour protéger la santé des salariés. Nous avons participé à des réunions multiples et variées en visioconférence et en téléconférence avec les Commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) et les Comités sociaux et économiques (CSE) pour essayer de faire progresser les référentiels. Avec plus ou moins de bonheur dans le dialogue social. On ne peut pas dire que notre entreprise n’ait rien fait. Et là où nous considérions qu’elle était en dessous de ce qu’il fallait faire, nous avons secoué le cocotier et avons progressé. »

    SIGNATURE D’UN ACCORD COVID-19
    « La difficulté a été qu’on nous a demandé de continuer à performer comme si de rien n’était. En gros, les objectifs étaient inchangés, ce qui a un peu agacé les salariés. Objectivement, on ne pouvait pas dire aux gens : "C’est compliqué de travailler en ce moment et cela coûte cher, donc on vous met en chômage partiel" et, en même temps : "Vous devez tenir les jalons et fournir les livrables comme à l’ordinaire." Nous avons eu des échanges un peu compliqués avec la direction à un moment puis cela s’est calmé. Nous venons d’ailleurs de signer un accord Covid-19 qui définit un cadre général de garantie des salaires pour la période de mars à mai. Pour le reste, c’est la négociation locale qui est favorisée avec une négociation en cours pour un accord de reprise des activités. »

    Propos recueillis par Gilles Lockhart