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Publié le 06 - 05 - 2020

    Le mode d’emploi du déconfinement en entreprise

    Le ministère du Travail a publié un protocole national de déconfinement à l’usage des entreprises pour reprendre leur activité tout en assurant la protection du personnel. Explications.

    PROTECTION COLLECTIVE AVANT PROTECTION INDIVIDUELLE
    D’emblée, le document précise que les mesures de protection collective doivent primer sur les individuelles. En premier lieu, « le télétravail doit être la règle chaque fois qu’il peut être mis en œuvre. » A défaut, le « séquencement des activités et la mise en place d’horaires décalés » sont indiquées comme premières « mesures organisationnelles ». Ce n’est qu’ensuite qu’on est censé passer aux mesures de protection individuelle, « telles que le port du masque ».

    HARO SUR LES TESTS EN ENTREPRISE
    « La généralisation des tests ou de la prise de température en entreprise n’est pas recommandée » par le ministère du Travail. Pourquoi ? Parce que « seuls les tests virologiques RT-PCR sur prélèvement naso-pharyngés sont fiables » et que leur réalisation « est douloureuse, complexe logistiquement et doit être réalisée par des professionnels formés. » Quant aux tests sérologiques, le ministère rappelle qu’« aucun n’est autorisé à ce jour » et il estime « de telles campagnes de dépistages n’apporteraient que très peu d’informations nouvelles aux entreprises. »

    « JAUGE » DE 4M2 PAR PERSONNE
    L’espace de sécurité par personne en milieu de travail est appelé « jauge » par le ministère du Travail. Cette jauge est fixée à « 4 mètres carrés minimum par personne, ce qui doit permettre de garantir une distance minimale de 1 mètre autour d’une personne (dans toutes les directions). » Pour savoir combien de clients ou de salariés un établissement peut accueillir, on calcule sa « surface résiduelle », c’est-à-dire sa surface totale moins les espaces de circulation ou les réserves et les rayonnages par exemple, et on divise le nombre de mètres carrés obtenu par quatre. Trois exemples sont fournis : supermarché de 2 000m2, open-space de 700m2, librairie de 100m2.
     

    GESTION DES FLUX
    La gestion des flux du déconfinement est « déterminée par les goulots d’étranglement » que peuvent être les cabines d’ascenseur, les entrées et sorties piétonnes de parking, les portillons, les circulations à emprunter pour rejoindre son poste. Plusieurs mesures sont listées : marquage au sol, sens unique, plans de nettoyage régulier, réorganisation des horaires pour éviter les arrivées nombreuses…

    ÉQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLE EN DERNIER RECOURS
    Utilisables en derniers recours « lorsqu’il est impossible de recourir à une solution de protection collective », les Equipements de protection individuelle (EPI) donnent l’occasion d’une petite semonce de la part du ministère. Il rappelle que leurs « performances sont étroitement dépendantes du respect de conditions d’utilisation idéales, lesquelles se trouvent rarement réunies en pratique ». Le document répète que « le masque « grand public » ne peut se substituer aux règles de distanciation physique ». Un tableau liste la nature, l’usage et les performances de quatre types de masques. 

    QUE FAIRE EN CAS DE SYMPTÔMES D’UN COLLÈGUE ?
    L’entreprise doit rédiger préventivement une procédure de prise en charge des personnes symptomatiques si elles apparaissent sur le lieu de travail. Ces symptômes sont les suivants : « fièvre et/ou toux, difficulté respiratoire, à parler ou à avaler, perte du gout et de l’odorat ». La prise en charge repose sur l’isolement, la protection, la recherche de signes de gravité.

    PRISE DE TEMPÉRATURE
    La prise de température par les entreprises de personnes entrant sur leur site est autorisée. Toutefois, le ministère rappelle que « le portage viral (pouvant) débuter jusqu’à 2 jours avant le début des signes cliniques », cette prise de température « pour repérer une personne possiblement infectée serait donc faussement rassurante ». Il souligne que le contrôle de température « n’a pas un caractère obligatoire et (que) le salarié est en droit de le refuser. Si l’employeur, devant ce refus, ne laisse pas le salarié accéder à son poste, il peut être tenu de lui verser le salaire correspondant à la journée de travail perdue. »

    Gilles Lockhart