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Publié le 08 - 04 - 2019

    Refonder un new deal social dans la métallurgie

    Président de la Fédération CFE-CGC Métallurgie, Gabriel Artero décrypte la négociation décisive menée entre partenaires sociaux visant à moderniser l’ensemble du dispositif conventionnel dans la métallurgie, la première branche professionnelle française.  
     

    Depuis 2016, les syndicats représentatifs dans la métallurgie (CGT, CFDT, CFE-CGC et FO) et le patronat (UIMM) négocient une vaste refonte des conventions et accords collectifs pour près de 1,4 millions de salariés. Quels sont les enjeux ?

    Face aux changements du monde du travail dans les entreprises, le dispositif conventionnel de notre branche n’est plus adapté. La profusion des textes et leur évolution dans le temps les ont rendus illisibles et obsolètes. Ce constat a été partagé à l’unanimité des organisations syndicales et patronales. Il s’agit donc de rendre la branche plus attractive, d’assurer performance sociale et économique et, in fine, de favoriser l’emploi. 

    Malgré de trop nombreux dossiers industriels en souffrance qui nous mobilisent au quotidien, la métallurgie - et elle s’en réjouit - recrute en masse dans de nombreux secteurs. A l’heure de la digitalisation et de l’industrie 4.0, attirer de nouveaux talents dans de nouveaux métiers est un enjeu majeur. Redonner du lustre à notre convention y contribue.

    Soit nous démontrons que la première branche professionnelle en France est capable de se refonder dans un new deal social, soit c’est l’échec".

    Où en sont les discussions et quid du calendrier ? 

    Depuis mi-2016, les négociations s’organisent autour de 9 grands thèmes : principes et architecture, classification, temps de travail, santé-conditions de travail, relation individuelle de travail, emploi-formation, protection sociale, rémunération, dialogue social dans l’entreprise. C’est en fonction de l’équilibre global entre tous ces thèmes que la signature d’une nouvelle grande convention collective de la métallurgie pourra s’envisager. 

    Nous avons déjà mis « au frigo » - notre expression consacrée pour dire que le texte est considéré comme abouti - les thèmes « principes et architecture », « temps de travail » et « santé et conditions de travail ». Les thèmes « relation individuelle de travail » (tout ce qui fonde le contrat) et « protection sociale », où l’on retrouve nombre de dispositions catégorielles, sont en cours de négociation. Le thème de la formation professionnelle est aussi ouvert et fera l’objet d’une signature à part d’ici à l’été 2019, par obligation de négociation suite à la mise en place de l’OPCO2I, rassemblant la quasi-totalité de l’industrie. La plupart des thèmes auront donc été circonscrits fin 2019 sauf celui des rémunérations qui va, à coup sûr, cristalliser les crispations.

    Quelles sont les priorités de la CFE-CGC Métallurgie, troisième organisation syndicale du secteur tous collèges confondus et seule majoritaire dans le troisième collège ?

    Dès le départ, nous avons fixé trois lignes directrices : rassembler toutes les conventions territoriales et nationales dans unique corpus dans un souci de simplification, d’équité et de transparence ; redonner un vrai pouvoir de négociation dans les territoires sur les thèmes de l’emploi et de la formation ; et rénover nos dispositions catégorielles contenues dans l’actuelle convention des ingénieurs et cadres de la métallurgie. Ce parcours, qui s’apparente parfois à un chemin de crête, a été envisagé avec un billet aller-simple. Soit nous démontrons que la première branche professionnelle en France est capable de se refonder dans un new deal social, soit c’est l’échec. Nous nous refusons à cette deuxième hypothèse.

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet