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Publié le 06 - 07 - 2021

    Renault : le télétravail est désormais réactualisé

    Signé le 10 juin 2021 par 3 des 4 partenaires sociaux de Renault dont la CFE-CGC, l’accord sur les « nouveaux modes de travail » contient des avancées qui peuvent en faire une référence pour l’industrie automobile.

    LE CONTEXTE

    Ce texte qui organise le télétravail est le troisième du genre chez Renault. La marque au losange avait déjà entériné la pratique dans un accord social datant de janvier 2007, rafraîchi en février 2019. Le Covid et ses conséquences ont induit la nécessité de réactualiser encore plus le dispositif.

    LA VOLONTÉ RÉCIPROQUE

    Lors d’une consultation préalable de la Direction à la négociation, 80 % des salariés de Renault dont les postes pouvaient être concernés ont exprimé leur désir de télétravailler. De son côté, l’entreprise poussait dans le même temps pour réduire ses coûts et plus spécifiquement ce qu’elle appelle son « empreinte immobilière » (le nombre de mètres carrés qu’elle occupe).

    LE CONTENU PRINCIPAL

    L’accord stipule que les salariés, dès lors que leur activité leur permet, sont éligibles à 2 à 3 jours de télétravail par semaine. Les 2 jours sont de droit et les 3 jours dépendent de l’organisation du service. Leur manager ne peut pas leur imposer d’être en télétravail. Cela concerne presque les deux-tiers des 31 000 salariés de Renault, essentiellement ceux qui travaillent dans des bureaux : techniciens, cadres, ingénieurs, fonctions supports, un certain nombre d’agents de maîtrise. Après échanges avec son manager, le salarié peut choisir les jours de la semaine lors desquels il souhaite télétravailler. Ponctuellement, il est possible qu’une séance soit repositionnée un autre jour de la semaine pour motif personnel ou professionnel.

    L’AIDE FINANCIÈRE

    Elle a été négociée à deux niveaux : un montant ponctuel de 200 euros pour s’équiper à domicile (bureau, deuxième écran, chaise ergonomique… mais pas de remboursement de PC, ni de casque audio, car le constructeur en équipe ses salariés) et une indemnité récurrente de télétravail allant de 20 à 30 euros par mois selon le nombre de jours concernés. Pour ceux qui souhaitent du mobilier Renault chez eux, la marque met en vente du matériel désinvesti (fauteuil, caisson…) à des tarifs préférentiels.

    LES COMPLÉMENTS

    Certains salariés, bien qu’ayant des activités télétravaillables, ne peuvent le faire à hauteur de 2 jours par semaine minimum, ce qui les empêche d’adhérer à la formule standard. Ceci touche particulièrement les postes dans le Manufacturing (usines de carrosserie-montage, mécanique, logistique…). Une enveloppe de 35 jours de télétravail maximum par année civile est mise à leur disposition par le nouvel accord. Par ailleurs, en plus des 2 à 3 jours de la formule standard, les salariés éligibles peuvent passer à 4 ou 5 jours de télétravail hebdomadaires avec l’accord de leur hiérarchie ou sur prescription du service santé au travail.

    LE RÔLE DE LA CFE-CGC

    Première organisation syndicale représentative avec 34 % sur le périmètre national, la CFE-CGC pèse quasiment les deux-tiers des suffrages dans les établissements ingénierie et fonctions supports de l’Ile-de-France où se concentrent le plus de salariés concernés. « Le sujet était donc important pour nous, analyse Guillaume Ribeyre, délégué syndical central de la CFE-CGC Renault. Nous étions par ailleurs engagés dans un travail de fond avec notre Fédération Métallurgie via des groupes de réflexion sur le télétravail dans l’industrie automobile, avec PSA entre autres. »

    LE POINT DUR

    La direction de Renault a inclus dans l’accord un volet sur le flex office, en lien avec sa volonté de diminuer son empreinte immobilière, auquel clairement la CFE-CGC « ne s’associe pas ». « Nous avons consulté l’ensemble de nos sections. Ces dernières ont recueilli les avis issus du terrain ou ont fait voter leurs militants pour savoir ce qu’ils en pensaient. Malgré ce point négatif du flex office, elles ont tranché en faveur de l’accord global », indique Guillaume Ribeyre.

    LA CLAUSE DE REVOYURE

    Signé par la CFE-CGC, la CFDT et FO, l’accord sur les nouveaux modes de travail prévoit un point d’étape mi-2022. Selon les résultats de l’analyse effectuée, la négociation d’un avenant pourra être envisagée. Seront regardées en particulier la bonne adéquation de l’aide financière et celle du nombre de jours de télétravail. « Nous ne voulons pas que cet accord se transforme en principe de nomadisme chez Renault, prévient le responsable syndical. Il faut que le salarié sache dans quel établissement géographique il travaille. Et nous devons veiller aussi à simplifier le travail du manager, car toutes ces nouveautés génèrent de l’activité supplémentaire. »

    Gilles Lockhart