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Publié le 24 - 06 - 2025

    Retraites : échec de la négociation, rebond à Matignon ?

    Après le constat d’échec du conclave retraites achevé lundi soir sans accord entre partenaires sociaux, la faute à une partie patronale inflexible, la CFE-CGC et les organisations syndicales ont été reçues ce mardi par le Premier ministre.  

    Rideau sur le conclave retraites, sans accord sur la table. Réunies lundi 23 juin pour la séance de la dernière chance, les cinq organisations engagées dans les discussions (CFE-CGC, CFDT, CFTC, MEDEF, CPME) ont acté, vers 23h, l’échec de la négociation débutée le 27 février dernier.

    « C’est un rendez-vous manqué et une grande déception face à la déloyauté de la partie patronale, restée jusqu’au bout inflexible et qui n’a rien proposé pour parvenir à un compromis afin d’améliorer la réforme de 2023 », déplore Christelle Thieffinne, secrétaire nationale à la protection sociale et cheffe de file CFE-CGC de la négociation.

    Alors qu’un texte était sur la table à l’issue de la réunion du 17 juin, la séance d’hier a été parasitée par la tenue, quelques minutes avant le début des discussions, d’une conférence de presse commune des présidents du MEDEF, Patrick Martin, et de la CPME, Amir Reza-Tofighi, pour présenter de nouvelles propositions (situation des femmes, pénibilité, gouvernance du régime, âge d’annulation de la décote…). « Un pur coup de bluff médiatique pour torpiller la négociation », selon Christelle Thieffinne.

    Faute d’accord au terme de quatre mois de travaux, le Premier ministre, François Bayrou, désireux de « rechercher une voie de passage », a ensuite convié, ce mardi midi à Matignon, les organisations syndicales engagées dans le conclave, avant de faire de même dans la journée avec les organisations patronales. « Quoi que décide désormais l’exécutif, il est clair que la négociation est terminée avec la partie patronale », assure Christelle Thieffinne à la sortie de l’entretien.

    L’ANALYSE DE CHRISTELLE THIEFFINNE, SECRÉTAIRE NATIONALE CFE-CGC À LA PROTECTION SOCIALE ET CHEFFE DE FILE DE LA NÉGOCIATION

    « On peut parler de rendez-vous manqué. La dernière réunion, hier, a été précédée par la prise de parole conjointe, devant la presse, dans la rue, des leaders du MEDEF et de la CPME. Tout ça pour ne rien proposer de nouveau. Ce n’était qu’un coup de bluff médiatique. »

    « Si quelques avancées étaient atteignables concernant la pension des femmes, sur l’usure professionnelle et la pénibilité, les propositions patronales font peu de cas des réalités du travail. Alors que l’emploi des seniors est crucial pour résoudre une partie des financements des régimes de retraite, les représentants des employeurs n’ont fait aucune ouverture pour encourager le temps partiel et rendre opposable le dispositif de retraite progressive, comme le proposait la CFE-CGC. »

    « Enfin, sur le financement du système et la nécessité d’efforts partagés, la partie patronale est, là encore, restée campée sur ses positions, arguant d’un retour à l'équilibre devant uniquement être financé par les retraités, tout en demandant davantage d’efforts contributifs aux salariés, dont les populations de l'encadrement, pour améliorer la réforme de 2023. »

    « Ce mardi midi, comme souhaité par le Premier ministre après le constat d’échec de la veille, nous avons eu un entretien d’une heure et demie avec François Bayrou, en présence de Catherine Vautrin et d’Astrid Panosyan-Bouvet, les deux ministres en charge du Travail. Tous les trois ont exprimé leur reconnaissance aux organisations syndicales pour leur investissement et les travaux menés durant quatre mois. »

    « Tout en rappelant notre opposition au maintien de l’âge légal de départ à 64 ans, nous avons expliqué combien il était important d’améliorer la réforme de 2023 et que, malgré de nombreuses propositions constructives formulées durant les travaux, nous avons été confrontés à un mur tant la partie patronale ne veut toucher à rien ou presque. S’il n’y a pas d’accord ni de compromis commun en l’état, c’est bien de la responsabilité des organisations patronales qui ne voulaient tout simplement pas négocier. »

    « Concrètement, nous avons listé à François Bayrou nos revendications et les points de blocage avec la partie patronale qui concernent en particulier la pénibilité, l’usure professionnelle, l’abaissement de l’âge d’annulation de la décote, la question des femmes - malgré quelques avancées -, l'opposabilité de la retraite progressive et les efforts à partager pour l’équilibre financier du système de retraites. »

    « Ce qui est acté aujourd’hui, c’est que la négociation est bel et bien terminée. Après sa rencontre avec les organisations patronales, la balle sera dans le camp du Premier ministre. »

    Mathieu Bahuet