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Publié le 13 - 11 - 2023

    Temps de travail, salaires : la CFE-CGC Leroy Merlin à l’action !

    De plus en plus influente au sein de l’enseigne de bricolage, la CFE-CGC a négocié trois accords relatifs au temps de travail, et signé un accord NAO entérinant des augmentations générales de 3 %. Le point avec Olivier Warembourg, délégué syndical central.

    Quelle place occupe la CFE-CGC chez le leader français du bricolage Leroy Merlin, filiale du Groupe Adeo (enseignes Bricoman, Saint Maclou, Weldom…) propriété de l'Association familiale Mulliez (AFM) ?

    Depuis plusieurs cycles électoraux, la CFE-CGC progresse dans l’entreprise (140 magasins et 31 000 salariés). Lors des élections professionnelles du printemps dernier, nous avons obtenu une représentativité de 34 % chez les cadres (environ 2 000 salariés) et les agents de maîtrise (2 500 salariés), soit une hausse de 10 points en 4 ans. La CFE-CGC dispose d’une quarantaine de délégués syndicaux et, au total, de 90 élus et mandatés dans les instances des différents sites (entrepôts et magasins). C’est le fruit d’un travail au long cours sur le terrain reconnu par les salariés comme par la direction, que nous chahutons régulièrement mais toujours dans un esprit constructif. C’est notre rôle d’organisation syndicale et « d’alerteurs ». À titre personnel, je suis délégué syndical central (DSC) et élu suppléant dans mon magasin à Annemasse (Haute-Savoie). Au niveau de la Fédération CFE-CGC du commerce et des services (FNECS), je suis président de l’union syndicale nationale (USN) bricolage pour les négociations nationales de branche.

    Signé par l’ensemble des organisations syndicales (CFE-CGC, CFTC, CFDT, CGT et FO), le récent accord sur le temps de travail sera mis en œuvre à partir de janvier 2024. Pourquoi avoir négocié sur ce sujet ?

    Le précédent accord avait été dénoncé fin 2021 par la CFTC et la CFDT. Au terme d’un an et demi de négociation, les partenaires sociaux ont abouti en juillet dernier à un accord fixant les nouvelles règles sur le temps de travail. La CFE-CGC a particulièrement veillé à ce que celles-ci soient applicables au niveau opérationnel dans les magasins, sans mettre en position délicate les cadres et les agents de maîtrise. Précisément, le texte final comporte trois accords : un pour les magasins, un pour le siège à Lezennes (métropole de Lille) et un pour les entrepôts qui prévoit notamment l’expérimentation de la semaine de 4 jours pour le site de Réau (Seine-et-Marne) et la création, dans 3 entrepôts, d’une équipe week-end qui travaillera 24 heures payées 35.

    Des dispositions satisfaisantes et une autonomie renforcée pour les cadres et les agents de maîtrise »

    Quelles les principales dispositions notables de ces nouveaux accords ?

    On peut citer notamment :

    • Le droit pour les salariés à 12 week-ends minimum non travaillés par an (congés payés compris).
    • Un maximum de 24 dimanches travaillés par an (sur la base du volontariat).
    • La mise en place d’horaires participatifs avec la possibilité pour les salariés d’une équipe de poser des horaires 5 semaines à l’avance.
    • La majoration de 33 % des heures de travail de nuit et la limitation à 8 heures de l’amplitude de travail pour une permanence débutée avant 8h du matin.
    • La possibilité pour les cadres au forfait-jours de solliciter une convention de forfait réduit (90 %, 80 %, 60 %...) prévoyant un nombre annuel de jours travaillés inférieur à 214.
    • Une plus grande autonomie dans l’organisation de la pause déjeuner, variable entre 30 minutes et 2 heures.
    • Deux entretiens annuels avec son manager sur l’organisation du travail, la santé-sécurité et la conciliation vie professionnelle-vie personnelle.
    • La possibilité d’une journée de travail à domicile par semaine pour les manageurs de magasins.

    Au final, on peut parler d’accords satisfaisants qui renforcent l’autonomie des cadres et des agents de maîtrise. J’ajoute qu’un Observatoire sera officiellement mis en place le 16 novembre pour s’assurer de la bonne mise en œuvre de toutes les dispositions.

    Les négociations annuelles obligatoires (NAO) viennent de se terminer. Qu’en est-il ?

    L’accord auquel nous sommes parvenus, signé par la CFE-CGC, prévoit des augmentations générales de 3 % avec un talon minimum de 70 euros et un plafond de 150 euros, ainsi qu’une majoration de la prise en charge de la mutuelle. Une enveloppe est par ailleurs dédiée aux augmentations individuelles. Dans le contexte conjoncturel, c’est plutôt correct.

    Deux ans après un mouvement de grève pour les salaires, Leroy Merlin est aujourd’hui une entreprise où se pratique un vrai dialogue social »

    Quelles sont les échéances en cours ou à venir ?

    Nous poursuivons une négociation importante sur les classifications, débutée il y a plus d’un an, et une autre sur le handicap. En parallèle, nous venons d’attaquer une négociation sur la fin de parcours professionnel en vue d’un accord seniors structurant. Étant négociateur de branche au niveau national, il faut reconnaître que Leroy Merlin, deux ans après un mouvement de grève pour les salaires fin 2021, est une entreprise où se pratique aujourd’hui un vrai dialogue social.
     
    Propos recueillis par Mathieu Bahuet