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Publié le 29 - 10 - 2025

    Transparence salariale : faire tomber les parois et plafonds de verre

    Tribune – Déléguée nationale CFE-CGC à l’égalité professionnelle, Christelle Toillon évoque les enjeux de la transposition, avant juin 2026, de la directive européenne sur la transparence des salaires.

    La directive européenne 2023/970 impose aux États membres de l’UE de renforcer l’effectivité du principe d’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes. En France, si le principe « à travail égal, salaire égal » existe depuis 1972, son application reste lacunaire et trop souvent théorique. La transposition de cette directive, attendue avant juin 2026, constitue une occasion historique de corriger les insuffisances et d’apporter des outils opérationnels pour les salariés et leurs représentants.

    Cette directive ne doit pas rester un affichage de bonnes intentions mais devenir un levier de justice sociale et d’égalité professionnelle. En renforçant la transparence salariale et les comparaisons objectives entre salariés occupant des postes de valeur équivalente. En définissant clairement et de manière opposable les critères de la valeur travail : compétences, responsabilités, efforts, conditions de travail. En intégrant enfin des dimensions souvent ignorées pour les populations d’encadrement et d’expertise : charge mentale, intensité de travail, disponibilité attendue, contraintes liées aux déplacements, pression temporelle, nuisances (bruit, horaires atypiques, etc.).

    La CFE-CGC considère cette transposition comme une opportunité stratégique pour redonner du sens à la notion de contrepartie salariale dans des métiers à haute intensité cognitive. Pour faire émerger une meilleure reconnaissance du travail invisible, notamment la dimension mentale et émotionnelle. Pour influencer le débat public sur la valeur réelle du travail et valoriser à leur juste niveau les externalités négatives de l’emploi tenu qui ont un coût pour le salarié et qui doivent avoir un prix pour l’entreprise. Pour faire tomber les parois et plafonds de verre et lutter contre la dévalorisation des métiers à dominante féminine.

    Faire de l’égalité professionnelle un levier de performance économique durable et responsable »

    Pour cela, la CFE-CGC en appelle à des critères de valeur du travail négociés au plus près du terrain : chaque branche professionnelle et chaque entreprise doit adapter la grille d’évaluation selon les spécificités de son secteur. Les éléments de rémunération doivent inclure tous les éléments liés à la part variable (par exemple les actions gratuites).

    Les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale doivent être sanctionnées financièrement avec un barème proportionné au chiffre d’affaires et des sanctions croissantes en cas de récidive. Il faut aussi des outils de mesure transparents, accessibles aux élus du personnel et favorisant le dialogue social.

    Au-delà de la directive, il s’agit de faire de l’égalité professionnelle un levier de performance économique durable et responsable, fondé sur une juste reconnaissance des contributions de chacun. De porter une conception moderne de la valeur travail, qui dépasse la seule productivité immédiate et intègre la complexité du travail intellectuel, relationnel et organisationnel. De défendre un modèle social valorisant l’engagement des femmes et des hommes de l’encadrement et garantissant une égalité réelle dans les parcours professionnels.

    La CFE-CGC ne veut donc pas d’une transposition à minima. L’objectif est de garantir une reconnaissance équitable des efforts et une réelle transparence salariale !

    Christelle Toillon, déléguée nationale CFE-CGC à l’égalité professionnelle